Quand, le 9 décembre 2016, je lis le témoignage de Marielle KLEIN, je me dis « Tiens moi aussi, j’ai les Essure ! Mais, je n’ai pas tous les maux qu’elle décrit, je suis juste en Burn-out, très fatiguée avec des douleurs mais rien de grave d’après mon médecin. Je ne vais pas rentrer dans une polémique médicale, car c’est encore pour réclamer de l’argent et cela ne me concerne pas. »
Mais voilà, le doute s’est installé et j’ai commencé par observer l’évolution de mon état de santé et il n’y en avait pas. Et pourtant, je faisais attention à moi, à manger sainement, à faire du yoga, à marcher, à masser mes tendons d’Achille douloureux tous les matins et tous les soirs, à faire de la méditation pour avoir les idées claires, mais aucune amélioration significative.
Pendant 2 mois, j’ai réfléchi et je me suis refait le film de ma vie depuis la pose de Essure et indéniablement, c’est à partir de là que tous mes problèmes de fatigue, de règles hémorragiques, de douleurs aux tendons, de perte de mémoire, de concentration,…..ont commencé.
Voici mon témoignage :
Début 2014, j’ai 44 ans quand je décide d’arrêter le stérilet Mirén#, non pas parce que je ne le supporte pas, mais juste parce que je ne veux plus de contraception hormonale. Je précise à ma gynécologue le souhait d’une ligature des trompes. Elle me dit que cela ne se fait plus et me parle d’un nouveau dispositif qui ne nécessite pas d’anesthésie et surtout sans hormone. Je prends rendez-vous avec le chirurgien qui m’explique le fonctionnement du dispositif Essure, son installation et les précautions à prendre après l’intervention, comme avoir une contraception pendant 3 mois Le jour de la pose, je m’en souviendrai toute ma vie. La pose ne nécessite pas d’anesthésie, mais si vraiment je le souhaite, je peux la demander. Je fais confiance, parce que si cela peut se faire sans anesthésie, c’est que la douleur doit être supportable.
En mai 2014, le premier implant est posé avec une douleur supportable et le chirurgien est expérimenté, il maîtrise bien le geste. Par contre pour le deuxième, il semble que c’est plus compliqué. J’ai eu une douleur extrêmement forte. Je voulais qu’il arrête mais apparemment ce n’était plus possible. L’infirmière qui l’assiste, me tient la main. J’ai tellement mal, que je lui broie littéralement la main avec une force que je ne me connaissais pas. Je m’excuse de lui avoir serrée la main si fort.
Je remonte dans ma chambre, j’ai mal. On me donne un D#liprane et on me dit que je peux partir quand je le veux. Ma voisine de chambre a énormément souffert lors de la pose, plus que moi et regrette de ne pas avoir demandé une anesthésie générale.
Dès le lendemain, je reprends le travail. Je me sens un peu bizarre mais je mets ça sur le compte des douleurs de l’intervention. 3 mois après je fais la visite post-opératoire avec la radio ASP de contrôle qui atteste que les implants sont correctement posés. L’implant est en titane et donc pas de risque d’allergie et je peux voyager, passer les contrôles au aéroport sans problème. Tout va bien. Je me sens rassurée avec une contraception sans hormone et qui correspond à ce que je souhaitais et sans contrainte.
Mais sans le savoir, les effets indésirables commencent à s’installer insidieusement. D’abord, un léger ralentissement physique et psychique. Presque imperceptible, comme quand on est fatigué d’une grosse journée de travail, je commençais à ne plus avoir envie de m’occuper de mes projets. Par exemple, avant la pose, j’avais entrepris de fêter mes 45 ans et après la pose, j’avais moins envie de continuer à préparer cette petite fête. Tout me semblait insurmontable, comme aller chez le traiteur, prendre le téléphone pour réserver la salle…
Je me disais cela doit être la suite de l’intervention, mais ça passera. Donc, j’ai fêté mon anniversaire en juillet 2014 mais j’étais très contente que la salle devait être libérée à 2h du matin, car je n’en pouvais plus. Mais comme je suis une battante et que je ne suis pas du genre à m’écouter, je me suis dit « Allez, secoue-toi !! ».
Lors des rapports intimes, ma libido est comme endormie, comme si mon désir était anesthésié. Je trouve ça étrange, mais je me dis c’est peut-être l’âge. Mais tout de même, je ne ressens plus de désir et je n’ai aucun plaisir. Et bizarrement, j’ai des hémorragies de suite aux rapports, ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Mais je ne fais pas le lien avec les implants, car pour moi, cela ne peut pas être possible, vu que les implants sont en titane et que le titane est le métal le plus utilisé en chirurgie et donc cela ne peut pas être ça.
L’été 2014, je pars en vacances au bord de la mer, mais je n’arrive pas à me reposer, à dormir vraiment alors que je n’ai jamais eu de problèmes de sommeil et que je n’ai pas de soucis personnel ou professionnel qui pourrait provoquer cette perturbation de mon sommeil. Fin de l’été, une dent (n°46) se casse sans raison. Mes dents sont en bonne santé et je ne comprends pourquoi elle s’est cassée toute seule alors que je n’exerçais aucune pression sur mes dents, j’entends encore le bruit quand elle s’est cassée, j’étais assise en train de lire. Mes dents ne cesseront pas de bouger par la suite, vers l’avant, vers l’arrière, une sensation étrange et très dérangeante, car c’est comme si les dents allaient tombées.Et puis, j’ai toujours envie d’aller aux toilettes. Une impériosité s’installe et devient de plus en plus difficile à gérer. Jusqu’à 12 fois par jour au lieu de 5/6. Je dois prévoir d’aller aux toilettes avant de partir, en arrivant et même en cours de route je dois de m’arrêter. Par exemple, cela fait 25 ans que je fais 250 km pour aller chez mes parents. Je connais bien la route, et souvent je fais les 3 heures de route sans m’arrêter. Et bien, je dois m’arrêter impérativement à la moitié du chemin. En septembre 2014, j’en parle à mon médecin et je commence des séances de rééducation périnéale qui permettent de réduire le nombre de miction, mais ne résout pas les souillures anales que j’ai aussi.
J’ai aussi des selles qui se sont modifiées, elles sont plus liquides ou alors c’est l’inverse, une constipation s’installe. Elles ont une odeur acide. J’ai des flatulences et je n’arrive plus à les retenir tellement j’en ai. Mon ventre se gonfle. Je prends un peu du poids. Je commence un régime un peu strict et en même temps je fais de moins en moins de sport.
Début 2015, je n’ai plus envie de faire du sport alors que cela fait 7 ans que je pratique de la marche rapide et de la marche nordique une à 2 fois par semaine entre 1h et 1h30. J’ai qu’une envie c’est de ne rien faire. Je travaille à 15 minutes à pied de chez moi. Et à cause de la fatigue que je ressens et que je ne comprends pas, je prends ma voiture pour aller au travail. Cette fatigue ne m’inquiète pas plus que ça, car il y a beaucoup de changement au niveau professionnel : nouvelle organisation, nouveau logiciel… donc, je pense que je n’accepte pas tous les changements. Toutefois, je n’arrive pas à comprendre pourquoi ma logique informatique ne me permet pas d’appréhender le nouveau logiciel. J’ai beau noter et essayer de me souvenir ce qui a été vu et dit lors des formations, je n’arrive pas à retenir et à mettre en pratique. Je me dis que vraiment, je n’en peux plus et qu’il est temps que je change de travail. En septembre 2015, je commence à préparer des lettres de motivation et à les envoyer.
Je ressens une fatigue de plus en plus forte. Mon sommeil est mauvais. Je me réveille plusieurs fois. Je mange mais ne ressens plus le goût. J’ai des douleurs au niveau des rotateurs de la coiffe et aussi aux talons d’Achille. Ça m’empêche de faire du sport. La fatigue, les douleurs musculaires, articulaires et tendineuses se sont installées insidieusement. Je les supporte de moins en moins. Elles sont de plus en plus fortes. Je masse mes tendons tous les matins, tous les soirs pour me soulager. Au levé, je marche comme si j’étais entravé. C’est difficile. Et les migraines aussi sont là. Moi qui n’est jamais été migraineuse de ma vie, j’ai des douleurs terribles dans la tête sur le côté gauche. Les antalgiques ne font rien et n’ont aucun effet sur mes douleurs. Je fais des séances de kiné pour les rotateurs et mes tendons d’Achille. Mais je les arrête car il n’y a aucune amélioration.
Noël 2015, c’est compliqué car extrêmement fatiguée et j’ai du mal à m’en souvenir. J’étais très amaigri et très fatiguée. Je me sentais bizarre. Je ne dormais qu’en pointillé. Le 31 décembre 2015, je suis avec des amis et j’ai bu 2 coupes de champagne dans la soirée. Après minuit, je vais m’allonger quelques instants car je ne me sens pas bien. Une fois allongée, je suis consciente mais je suis incapable de bouger, de parler, de faire quoique ce soit. Mes amis viennent me voir à tour de rôle pour constater que je respire toujours. J’ai l’impression que mon corps est dans le coma alors que j’ai conscience de ce qui se passe autour de moi. J’arrive à dormir un peu. La faim me réveille. Cette sensation de faim, je dirai même d’affamement ne me quitte pas. Je suis affamée, je dois manger plus et plus souvent et une nourriture riche en nutriments. A partir de là, je commence à prendre du poids.
Le 6 février 2016, ma mère fête ses 70 ans. Extrêmement fatiguée, je ne fais pas comme d’habitude, j’arrive le samedi midi au lieu du vendredi soir. J’ai faim mais j’évite de me jeter sur la nourriture. Je sors de table avec la faim. Vers 16 h, je vais voir une amie et je lui demande à manger tellement j’ai faim alors que j’ai rendez-vous au restaurant à 19h. Je vois que ma mère a plus d’énergie que moi, je ne comprends pas ce qui m’arrive.
Je suis de plus en plus fatiguée. Je me traîne. Je me dis que j’en fais trop, je sors de trop, que l’ambiance au travail et les changements d’organisation m’insupportent et la moindre petite chose à faire m’est insurmontable. Ma personnalité change car je ne suis plus aussi pragmatique et je me laisse aller dans des pensées qui ne me ressemblent pas, je vois le mal partout. Je deviens paranoïaque, suspicieuse car des objets ont changé de place ou bien je suis sûr de moi sur tel ou tel sujet alors que tout est faux.
Et puis, il y a toujours les douleurs, les migraines qui ne s’arrêtent pas. C’est insupportable, tout devient insupportable. Tout ce qui m’entoure ne tourne pas rond. Je suis tellement fatiguée que j’ai du mal à marcher normalement. Je bute dans les portes, je n’arrive plus à évoluer dans l’espace. J’ai peur des voitures, des gens qui passent près de moi car je ne vois plus très bien. Mon champ de vison est réduit.
Le 20 février 2016, impossible de me lever. Sortir de mon lit m’est impossible, comme paralysée. Mon cerveau ne commande plus. Mon corps ne répond plus. Je suis dans mon lit et je pleure. Quoi faire ? Que m’arrive-t-il ? Je ne comprends pas. Le médecin déclare que je fais un Burn-out. Difficilement, j’accepte le diagnostic. J’entame le long parcours pour revenir à un état normal. Je consulte Internet pour en savoir plus sur le Burn out. Je me reconnais partiellement dans la description. Mais bon… J’essaie de me reposer, je dors mais c’est très compliqué. Je suis dans un brouillard intellectuel permanent. Physiquement, je n’ai plus de force. Je ne sais même pas comment je fais pour tenir debout. Ma famille et mes amis m’entourent beaucoup. Mais malgré tous les efforts pour aller mieux, je ne sens pas une amélioration satisfaisante. Je me force à faire bonne figure devant les amis. Je sors un peu, mais beaucoup moins qu’avant. Je ne m’occupe plus de ma maison. C’est la déchéance.
En septembre 2016, je reprends le travail à mi-temps thérapeutique le matin car l’après-midi je dors. Jusqu’à fin décembre, je travaille à mon rythme et je n’ai pas de pression de ma hiérarchie. Mais, c’est difficile et compliqué à gérer.
Décembre 2016 que je lis le témoignage de Marielle KLEIN. Elle explique ses douleurs, ses hémorragies. Je me dis « Tiens moi aussi, j’ai les Essure ». Mais je suis sceptique car je me méfie des polémiques sur Internet. Je lis plusieurs fois son témoignage car j’ai du mal à le retenir et à comprendre et aussi à y croire. Elle a créé une association et je consulte le site Internet de l’association RESIST. Et je lis les témoignages, les descriptions des symptômes, des douleurs et je me dis, que moi, ce n’est pas si grave que pour toutes ces femmes. Que je fais vraiment un Burn out. Que ce n’est pas les implants qui me font tout ça.
Je laisse de côté mais je me pose tout de même des questions. Depuis quand suis-je si mal ? Est-ce qu’avant la pose des Essure, j’avais des douleurs, des problèmes de sommeil, des dents qui bougent, des problèmes de focus visuel, une peau sèche, des cheveux qui tombent, des urines et selles acides et irritantes, des intestins douloureux….. ??? Finalement, la liste des désagréments est longue et surtout anormalement longue.
Après 2 mois de réflexions et d’observation de mon état de santé qui ne s’améliore pas du tout, en février 2017, je compose le numéro de téléphone de l’association et c’est Marielle qui me répond. Je lui explique mon parcours et pose des questions qui font que cela confirme mes propres constats, que ce que j’ai c’est depuis la pose.
J’adhère à l’association, j’ai les renseignements nécessaires pour faire les démarches d’explantation. Je prends rendez-vous avec le chirurgien qui me les a posés car il les enlève aussi.
Je choisi l’hystérectomie et la salpingectomie car j’étais dans la démarche ne plus vouloir d’enfant et je ne voulais surtout pas garder le moindre fragment dans mon corps. Je voulais m’en débarrasser. Le chirurgien est à l’écoute et malgré la situation, il doit enlever ce qu’il a posé, il reste un bon professionnel et je suis rassurée sur l’intervention.
Le 14 juin 2017 sera le deuxième anniversaire de ma vie. C’est le jour où à débuté ma renaissance. Dès le lendemain, j’ai senti un mieux. Mon esprit était plus clair. Les douleurs toujours là. Mais bon, cela fait 2 ans que j’ai mal.
Petit à petit, les douleurs, les migraines disparaissent. Mes cheveux ont arrêté de tomber. Mais il m’a fallut de la patience. J’ai porté les implants pendant 3 ans et il m’a fallu 18 mois pour retrouver mon dynamisme, ma dextérité, ma vivacité d’esprit et de corps et que les effets indésirables disparaissent. Mais certains ne partiront pas, comme la baisse de la vue et une légère fatigue.
En avril 2019, je reprends enfin le sport. J’ai à nouveau du plaisir à marcher, à faire de la marche nordique, à faire du vélo et surtout le plaisir de vouloir en refaire encore et encore. J’ai pris plus de 10 kg et la perte de poids s’annonce difficile, mais je suis en vie !
J’ai la chance de pouvoir revivre normalement, ce qui n’est pas le cas de toutes, malheureusement.
Et j’ai repris ma vie là où je l’ai laissé il y a 5 ans.
Aujourd’hui, je suis en reconversion professionnelle comme si il s’agissait d’une seconde chance de réaliser un rêve, je fonce et mets tout en œuvre pour réussir.
Je souhaite à la même chose à toutes mes sœurs d’Essure : que le meilleur reste à venir et à construire !
Je ne remercierai jamais assez Marielle KLEIN d’avoir osé alerter, car il faut du courage et de l’altruisme pour le faire. Elle m’a sauvée la vie !