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Edith : "Nos implants (Essure) nous enterrent petit à petit comme dans une prison"

En 2012, mon gynécologue me propose une stérilisation. Je recherche sur internet toutes les méthodes existantes. Je découvre Essure qui évite une intervention chirurgicale. Je revois mon gynécologue et lui en parle. Il m'envoie auprès d'une de ses consœurs qui pose cet implant. 

Plusieurs mois plus tard, début 2013, je me retrouve à l'hôpital pour la pose en question.

Tout se passe bien, aucune douleur lors de l'intervention, ni immédiatement après. 

 

Peu après, j'ai ressenti une gêne dans le bas ventre, puis rapidement, je commence à ressentir des douleurs musculaires, fatigue importante, entre autres.

 

Et les effets secondaires multiples débarquent, tels que spasmes, crampes bas ventre, crampes mollets tout en buvant pourtant beaucoup d'eau quotidiennement, régulièrement mal au foie et estomac, malgré alimentation équilibrée, froid en permanence avec frissons, douleurs importantes 24h/24 musculaires et articulaires (fibromyalgie paraît-il), céphalées quasi quotidiennes, fourmillements permanents dans les extrémités, mains qui tremblent par moments, syndrome de Raynaud, tremblements du visage, des lèvres, occasionnellement, fatigue chronique avec peu de récupération la nuit, perte importante de mémoire avec impression de perdre la tête, difficulté de concentration, libido zéro, douleurs pendant les relations sexuelles, mobilité quotidienne difficile, marcher comme une vieille, douleurs plante des pieds, troubles du transit, vertiges fréquents, prise de poids, tressautements quotidien du cœur, sensation d'étouffement, palpitations fréquentes, sans angoisses pour autant, ménopausée 2 ans après la pose, très jeune donc (d'après mon gynécologue, c'est possible, mais assez rare), nausées, sensations de brûlures dans les muscles en plus des douleurs, décharges électriques vives et soudaines dans les muscles du bas ventre, acouphènes, et tant d'autres.

 

Tous ces symptômes sont probablement une coïncidence, pour certains, mais pour la plupart, ils ressemblent à tous ceux des femmes ayant fait retirer leurs implants, car je n'avais aucun d'eux avant la pose d'Essure, à part les céphalées qui ont augmenté après l'opération. 

 

Début 2014, l'homéopathe/acupuncteur pense que je souffre de fibromyalgie. Je ne parle pas d'Essure, je ne pense pas une seule seconde que cet implant peut générer de telles souffrances, et pourquoi surtout puisqu'on le prescrit simplement et sans effets secondaires soi-disant. On ne parle pas encore à la télé des problèmes liés à Essure. Je n'en veux pas aux professionnels, les gynécologues qui ne produisent pas l'implant et qui ne font que le poser. Le manque d’information par Bayer est mis en évidence. 

 

Les années passent et tout ce qui soulage la pathologie, bien que trop peu, ne fonctionne pas pour moi. 

 

On me prescrit des anti-dépresseurs comme pour tous les fibromyalgiques, car rien d'autre n'existe pour soulager la maladie. Ça ne fonctionne pas, malgré la diversité de prescriptions afin de savoir lequel me fera enfin effet. Par contre, les effets secondaires fonctionnent très bien ! Je ne prends plus rien désormais. 

 

Mes analyses de sang sont toujours parfaites, côté psy, après consultation demandée par le centre anti-douleurs, on me dit que je suis équilibrée et que j'ai une approche de la maladie, de la douleur avec sagesse, sans colère ni angoisse. 

 

Je reste positive, je ne suis jamais dépressive, même s’il m’arrive de flancher parfois tant je souffre. Malgré tout je vois toujours le verre à moitié plein, je vais de l'avant, je recherche toujours la solution car il y en a forcément toujours une à quelque situation que ce soit, je suis membre d'une association de fibromyalgie où j'apprends énormément de choses et sur la maladie et sur de potentiels améliorations. Rien ne fonctionne sur moi, sur d'autres oui, sur moi, jamais rien, en gardant espoir malgré tout. A force de recherches, la solution arrivera forcément. 

Je vais voir des kiné pour la fibromyalgie. Si ça me soulage sur le moment, ça n'agit pas dans le temps.

 

Mes maux amplifient d'année en année, et il m'arrive de vouloir arrêter de vivre non pas pour ne plus continuer mon chemin, mais juste pour ne plus souffrir. Toutes les personnes qui souffrent ont ce type de discours. Je le constate à travers les réunions fibromyalgie. 

 

Depuis 2018, j'entends que le procédé Essure provoque de terribles douleurs à de nombreuses femmes après l'implantation des implants. Et quand je lis les témoignages, je me retrouve à tout point de vue. 

 

Je suis persuadée que ces implants sont à la source de mes douleurs et ma difficulté de vivre ma vie au quotidien même si je ne montre rien, ne dis rien.

 

Toutefois, ne rien montrer ne veut pas dire vivre au mieux une vie simple comme tout le monde, un simple quotidien, dormir sereinement sans se retourner toute la nuit, se lever d'un coup et bien, sans avoir mal partout et être rouillée et épuisée, me laver comme tout le monde sans dire aïe, manger sans se demander si tout va passer, malgré la maigre quantité, sans envie, avec le foie ou l'estomac qui ne veut rien, se vider un peu plus tard, aller travailler et ne rien montrer à ses collègues, au boss, au public, faire ses courses, voire les reporter à un autre jour, aider les amis alors que moi-même je souffre sans rien montrer... et j'en passe. 

 

Je souhaite tenter le retrait de ces implants et espére ne plus souffrir. Si je souffre réellement de fibromyalgie, je ne le saurai qu'après le retrait. Je reste persuadée que la fibromyalgie n'a rien à voir dans mes maux, ou peu, car ils ont commencé après la pose d'Essure et sont trop nombreux. Je doute que ce soit une coïncidence. Certains maux resteront peut-être, mais la majorité disparaîtra ou sera atténuée.

 

J'en parle donc à mon gynécologue qui est certain que les implants n'ont pas de rapport avec les douleurs. Je vais devoir chercher par moi-même quelqu'un qui accepte de m'opérer.

Début 2019, je décide d'écrire à la gynécologue qui m'a posé les implants afin de solliciter son aide en me disant que je n'ai rien à perdre Je lui raconte mes maux, en précisant bien à cette dame que je ne l'assimile nullement à mes problèmes. Elle n'y est pour rien. Elle aussi a cru à la méthode. Ma lettre est courtoise et c'est plus un appel au secours qu'une simple demande.

 

Quelques jours à peine après avoir envoyé ma lettre, j'ai reçu un retour de courrier de sa part me précisant qu'elle ne sait pas enlever les implants, et que ma demande sera confiée à l'un de ses confrères chirurgien gynécologue. Je la remercie grandement par une réponse postale. Nos échanges sont amicaux et d'un grand réconfort. 

 

Peu après, je reçois le courrier dudit confrère afin de prendre rendez-vous avec lui. La bataille est en partie gagnée. Pas de soucis de crédibilité comme beaucoup trop de femmes vivent lors de la recherche de praticiens qui enfin croiront à leur supplice, tel un parcours du combattant. 

Mon rendez-vous a lieu au début de l'été 2019. Au même moment j'adhère à l'association R.E.S.I.S.T.

 

Nous vérifions l'emplacement de mes implants par une échographie 3D. L'un d'eux se trouve à l'entrée de l'utérus et le gynécologue me précise qu'il ne sait pas s'il pourra pratiquer uniquement la salpingectomie du fait de l'implant mal placé. L'hystérectomie sera peut-être nécessaire. Il me programme la première opération dans l'immédiat. L'autre opération aura lieu si uniquement l'implant reste en partie à l'entrée de l'utérus. J'ai entièrement confiance en ce gynécologue très humain et à l'écoute.

Rendez-vous est pris mi-octobre afin de m'opérer. 

Je revis car un praticien m'a cru et accepte de m'opérer sans discuter. 

 

Étant impatiente et heureuse de savoir qu'enfin je vais être débarrassée des implants, je ne prends aucun relaxant avant l'opération. Je me sens sereine et confiante.

 

Arrive le jour de l'opération. J'arrive la veille au soir. Obligation de se laver entièrement, même les cheveux, avec un savon doux acheté en pharmacie. J'ai droit à une soupe et un petit fromage blanc. Ma nuit est sereine. Le lendemain, on me rase entièrement  le pubis et je vais me laver au savon doux, pas les cheveux comme la veille. Je suis à jeun. 

 

Je suis opérée en fin de matinée par cœlioscopie. Je remonte dans ma chambre en début d'après-midi. Je me sens bien, très fatiguée bien sur. Je dors un peu dans l'après midi, mais peu. Je lis beaucoup. 

Je reçois régulièrement la visite des infirmières afin de prendre ma tension, et ce, jusqu'à ce que je quitte l'hôpital. Je suis raccordée à une sonde urinaire qui sera enlevée peu avant mon départ.

 

Le soir on m'apporte une soupe et du fromage blanc, mais je peine à manger, la nausée me prend après quelques cuillères de soupe. Trop tôt pour moi pour manger. 

Le lendemain matin, le chirurgien gynécologue vient me voir afin de me montrer les images suite à l'opération. La salpingectomie a été suffisante. L'implant qui était à l'entrée de l'utérus est bien entier, nullement cassé et sur la prochaine radio de l'utérus, il n'y aura plus aucune trace d'implant. Je suis libérée de toute autre opération.

 

Je garde le lit à cause de ma sonde urinaire et il m'est interdit de marcher seule. Ma nuit se passe bien malgré la prise régulière de ma tension. On m'enlève la sonde urinaire en fin de matinée et on me fait lever en présence d'une infirmière. La tête me tourne, c'est normal. Je vais me laver.

On m'apporte à manger. Le plateau repas est plus conséquent que les précédents. Je mange de tout. 

Avant de partir, une infirmière de fait une piqûre d'anti coagulants. Cette prescription se répétera durant 10 jours à domicile avec une infirmière. 

Je rentre chez moi l'après midi. Je me sens fébrile et très fatiguée.

Durant ces presque 2 jours à l'hôpital, le personnel a été très à l'écoute et d'une grande gentillesse, très professionnel.

J'ai apprécié et très bien vécu ce séjour. Je suis désormais libérée de ces implants avec 4 petites cicatrices sur l'abdomen. 

 

Mon arrêt maladie a été de 2 semaines avec une semaine supplémentaire car j'ai contracté une bronchite au cours de ma convalescence. La toux permanente a empêché la cicatrisation interne de se réaliser correctement.

Pour une telle opération, on reste fragile et fatigué pendant environ 4 mois. 

 

Mes douleurs ne sont pas moindres pendant 4 mois fatigue. Il me faut d'abord me remettre de l'opération. Au moment de me sentir mieux, moins fatiguée, je commence à ressentir les effets du retrait des implants.

 

Mes douleurs s'atténuent peu à peu. Je pense que je serai toujours fibromyalgique, mais je peux revivre presque comme avant sans toutes ces infâmes douleurs puissantes. De plus, j'ai démarré un protocole Ally@ne. 

 

Nos implants nous enterrent petit à petit comme dans une prison. Nous vivons un confinement intérieur, en permanence. Nous sommes prisonnières de notre corps et nous devons pour autant faire comme si de rien n'était afin de vivre normalement ou du moins, en apparence, avec de fortes charges mentales en plus de celle infligée par ce poison en nous.

Le retrait de ces implants est réellement libérateur physiquement, car il est question de mutilation, mais l'esprit est libéré plus encore.

 

Mon corps a appris à se sentir moins contraint, les douleurs ne se sont pas évanouies, mais sont bien moindres. Et cette différence est importante pour vivre normalement

 

Si on veut voir les choses positivement, ces implants m'ont rendu plus forte, pas seulement face à ce qu'ils m'ont infligé, mais par rapport à tout ce qui m'est arrivé ensuite dans la vie. Pour moi, il y a du positif dans toute situation, à condition qu'elle ait un aboutissement. Nous nous serions toutes passées de l'impact de ce que nous pensions nous libérer, ce que la formule a de plus néfaste et a libéré au creux de notre corps. Nous avons vécu avec, nous nous sommes battues pour se les faire retirer, et je ne me plains pas j'ai eu de la chance, je n'ai pas eu beaucoup à me battre, aujourd'hui, nous sommes encore plus fortes. Dans la vie, plus nous rencontrons de problèmes, plus la résilience s'impose. 

 

Même si j'avoue ne pas avoir ressenti le besoin de solliciter l'association R.E.S.I.S.T., je tiens à remercier toute l'équipe qui au fur et à mesure de mon parcours, m'a écrit afin de prendre de mes nouvelles. 

Merci à la référente de l'association pour nos échanges, encore aujourd'hui.