· 

Nathalie : victime d'Essure®

Bonjour,

 

Tout d'abord je souhaiterais vous remercier d’avoir créé cette association afin de permettre aux victimes d’Essure de s’exprimer. J’ai 41 ans, je suis mariée, j’ai un enfant et je pense moi aussi faire partie des victimes d’Essure, c’est pourquoi je voulais apporter mon témoignage afin d'informer toutes les femmes qui souhaiteraient utiliser cette méthode de stérilisation tubaire.

On ne décide pas du jour au lendemain de faire une stérilisation, c'est après un long chemin souvent semé d'embûches que finalement on se rend compte que l'on n'a pas d'autre solution. Voici donc mon histoire ou plutôt devrais-je dire mon parcours de combattante!

 

1) LE DÉBUT DES ENNUIS AVEC LA CONTRACEPTION:

J’ai commencé à prendre un contraceptif oral à l’âge de 19 ans (Trinordiol),tout allait bien jusqu’à mes 32 ans et là soudainement mon corps ne le supportait plus (spottings, mastodynies, migraines…).

On me conseille donc de passer au stérilet afin d’avoir une contraception sans hormones. La pose a lieu en Avril 2008 mais cela se passe mal car mon utérus expulse le stérilet, il faut donc re-prévoir un rendez-vous le mois suivant. Deuxième pose, le stérilet est placé mais c’est hyper douloureux, dans les heures qui suivent je manque de m’évanouir et j’ai des douleurs abdominales épouvantables. Comme on m’a appris qu’une femme doit souffrir et que les douleurs sont normales, je continue mes activités pendant une semaine avant de recontacter le gynécologue qui a effectué la pose. Lors de l’examen, elle se rend compte que le stérilet a migré et qu’il faut que j’aille immédiatement aux urgences! C’est la panique, je ne comprends pas et je me retrouve aux urgences gynécologiques où l’on effectue de nouveaux examens et radios. Le verdict tombe: le stérilet a perforé l’utérus et se trouve dans l’abdomen, il faut l’enlever de suite sinon il risquerait de perforer un autre organe! Je suis effarée, je ne savais pas qu’une chose pareille était possible, et comment on l’enlève? Par coelioscopie madame! Le lendemain soir on m’opère en « urgence » et je passe ensuite une semaine à l’hôpital puis 3 semaines de convalescence. Je vais mettre des mois voire des années à me remettre de cet épisode fâcheux car à partir de ce moment là j’ai des douleurs abdominales et gynécologiques qui vont apparaîtrent.

 

2) ET APRÈS LE STÉRILET?

On me prescrit de nouveaux contraceptifs oraux, je les fais tous mais plus aucun ne me convient, toujours des spottings ou des mastodynies insupportables, mais aussi des migraines, de l’acné, une prise de poids et un moral affaiblit. De temps en temps, j’arrête d'en prendre car je sens que mon corps n’en peux plus de ces hormones, mais ça n’est pas très confortable pour la vie de couple.

 

3) LA DÉCOUVERTE D'ESSURE

A l'évidence il me faut une contraception sans hormones, je revoie donc mon gynécologue qui me parle d’Essure. J'ai 38 ans et ne souhaite plus de grossesse donc le côté irréversible de ce système de stérilisation ne me dérange pas, et la facilité de pose et de récupération post-intervention me semble juste géniale! Après quelques recherches sur le net, tous les témoignages donnent le feu vert à part quelques rares exceptions (on est en 2014), j'opte donc pour Essure. Je prends rendez-vous auprès du gynécologue dans la clinique conseillée qui finit de me rassurer concernant cette méthode, on parle du nickel, il me demande si je suis allergique, je ne sais pas, il me demande si je porte des bijoux fantaisies, je réponds oui, ok donc pas de problème pas d'allergies. Ayant été un peu refroidie par l'épisode "stérilet", je demande une intervention sous anesthésie générale, ce qui ne pose pas de souci.

 

4) L'INTERVENTION

Après 3 mois de réflexion (délai légal) l'intervention a lieu le 20/10/2014, au réveil le médecin me dit que tout s'est bien passé et que les implants sont bien positionnés. Je rentre chez moi le soir même encore sous l'effet de l'anesthésie, mais a priori tout va bien. Les jours suivants j'ai des saignements assez importants et des douleurs abdominales. 3 mois plus tard j'effectue l’hystérographie afin de vérifier que la stérilisation est bien effective, je croise les doigts dans quelques minutes mon parcours du combattant pour la contraception sera enfin terminé! L'examen est douloureux, même très douloureux, le radiologue ne comprend pas le liquide passe dans une trompe, il me dit qu'il n'a jamais vu cela avant l'implant de droite a migré! Je suis effondrée, le sort s'acharne.

Le radiologue me dit qu'il faut que je reprenne rendez-vous avec mon gynécologue.

Le lendemain accompagnée de mon mari je suis dans son cabinet où il me propose de refaire une intervention pour placer un nouvel implant à droite. Motivée à l'idée d'en finir avec cette galère de contraception, j'accepte et une nouvelle intervention est planifiée 2 jours plus tard le 02/02/2015 sous anesthésie générale.

 

5) LA DEUXIÈME INTERVENTION

Au réveil je me sens beaucoup moins bien que la première fois, j'ai plus de douleurs abdominales, le médecin passe me voir, verdict: tentative du nouveau cathétérisme impossible. Je suis abasourdie, me voilà avec une seule trompe ligaturée avec impossibilité de faire la seconde sauf par cœlioscopie. Je n'en peux plus, je dis au médecin que je ne veux plus d'autres interventions, que je vais rester comme cela. Après 2 interventions Essure, je suis donc toujours fertile.

 

6) ET APRÈS?

Les mois passent... je suis épuisée, je me dis que les 2 anesthésies générales en 3 mois y sont probablement pour quelque chose. Puis je commence à ressentir des douleurs au niveau des trompes comme des brûlures qui irradient, les mastodynies reviennent, des douleurs rectales apparaissent (comme des décharges électriques qui remontent le long de la colonne vertébrale). Je consulte mon gynécologue habituel qui me dit que mon corps doit probablement avoir besoin d'hormones pour être équilibré et qu'il faudrait que je reprenne un traitement hormonal pour soulager ces douleurs. De plus ce traitement hormonal servirait aussi de contraceptif, ce qui me paraît être une solution intéressante car rappelons-le malgré la pose d'implants Essure, je ne suis toujours pas stérilisée. Cependant j'avoue que reprendre un traitement hormonal après avoir fait tout cela me semble complètement incohérent! N'ayant jamais eu ces douleurs auparavant, je demande à mon gynecologue si Essure n'en serait pas la cause mais elle me dit qu'à priori non pas de lien possible.

On me met donc sous Luteran à partir de Juin 2015, nouvelles habitudes, nouvelle vie, laissons la chance au produit! Octobre 2015, je ne vais pas bien du tout moralement, je pense que c'est Luteran, je l'arrête.

Les douleurs sont toujours là accompagnées de quelques nouveautés dont une mycose qui durera 2 mois (jamais eu auparavant). Je revois souvent mon gynecologue, on soigne le problème, puis toujours les douleurs, puis une cystite abominable...

Il paraît que c'est l'âge, et oui j'ai 40 ans maintenant, le corps commence à se détraquer, on me parle de pré-ménopause! Tout cela me déprime, je me sens vieille, cassée de l'intérieur, ça me brise et fragilise ma féminité qui disparaît petit à petit, je ne me sens plus femme. J'ai des sautes d'humeur importantes, je suis toujours fatiguée, dès le réveil je n'aspire qu'à une chose être le soir pour me coucher. Moi qui était hyper dynamique, je ne me reconnais plus, je n'ai plus envie de me faire belle, je suis souvent triste et déprimée. J'ai un traitement homéopathique pour soulager tous ces symptômes. Je me pose toujours des questions par rapport à Essure mais à chaque fois que j'en parle à un médecin on me dit qu'il ne peut pas y avoir de lien.

Un soir mon mari voit un reportage sur l'endométriose, aussitôt en écoutant ces femmes il croit me reconnaitre dans leur discours. J'en parle donc à mon gynecologue qui me dit que je n'ai pas les symptômes de l'endometriose.

Bref, elle me represcrit un nouveau traitement hormonal, ça sera le dernier. En septembre 2016, j'ai un kyste ovarien probablement obtenu grâce au contraceptif, j'ai des saignements tous les jours et des mastodynies insupportables. Mon corps dit stop aux hormones, j'arrête et n'en veux définitivement plus.

 

7) LES COMPLICATIONS

Novembre 2016, une violente douleurs en bas du dos me paralyse pendant plusieurs jours, là je pense très fort à Essure. C'est mon osteo qui soulagera cette douleur qui selon lui viendrait de la trompe. Je me remets doucement toujours la crainte que cette décharge revienne.

Décembre 2016, mon mari entend parler de Marielle Klein et de son combat contre Essure et le laboratoire Bayer. Je découvre les articles de presse, le site RESIST et là tout devient clair mais je suis atterrée, ça gâchera mon Noël 2016. Je panique, j'angoisse, je ne dors plus et à chaque douleur je fais le lien. J'envoie un courrier à mon gynecologue pour l'informer et là j'apprends que pour l'instant Il n'y a pas de contre-indication pour la mise en place d'implants Essure. Je ne pense plus qu'à cela, je suis complètement perturbée, comment peux-t-on jouer comme cela avec la santé des femmes??? Je décide finalement de me détacher car cela m'obsède et je n'arrive plus à profiter de la vie, et je me soigne grâce aux médecines douces, yoga et méditation.

 

8) LA RÉVOLTE

Les mois passent, je vis avec mes douleurs plus ou moins bien, je suis toujours fatiguée et déprimée et avec des sautes d'humeur de plus en plus importantes. J'ai des idées noires, et j'ai du mal à me réjouir des petits bonheurs quotidiens. La douleur en bas du dos est toujours là, prête à ressurgir, et pour que je ne l'oublie pas elle réapparaît sur certains cycles. J'ai également des douleurs articulaires, au réveil j'ai besoin d'un bon stretching avant de me lever. Je précise que malgré mes douleurs je suis restée active, sportive et je mange très sainement, je devrais donc être dans une excellente forme ce qui n'est absolument pas le cas.

La semaine dernière j'ai découvert qu'un comité d'experts indépendants a jugé qu'il n'était pas nécessaire de restreindre l'utilisation d'Essure car les effets indésirables ne sont pas assez invalidants. Chers expert(es), prenez la place d'une victime d'Essure et dites-nous ensuite si ces douleurs sont supportables!!!  Pour information, voici la liste des douleurs et maux que je supporte au quotidien:

- douleurs lombaires

- douleurs au niveau de la trompe droite

- douleurs abdominales lorsque je marche (vibrations qui remontent dans le ventre)

- fréquence urinaire

- contractions

- douleurs pendant et/ou après les rapports sexuels

- fatigue

- sautes d'humeur

- dépression

 

Je le répète car ça me met hors de moi, comment peut-on se moquer ainsi des femmes et de leur santé?

En ce qui me concerne, l'un des implants ayant migré il serait fort probable qu'une hystérectomie soit inévitable si je souhaitais les retirer. Personnellement je ne veux plus d'intervention et il est hors de question que l'on m'enlève mon utérus pour un produit déficient. Malheureusement si un jour les douleurs devenaient trop invalidantes., je pense que je n'aurai pas le choix.

J'ai décidé de sortir du silence pour informer les femmes concernant Essure, surtout ne choisissez pas cette méthode où vous le regretterez à VIE!

 

Je vous remercie d'avoir lu mon témoignage et j'espère qu'il pourra apporter un peu de lumière sur cette méthode qui n'est qu'une torture physique et psychologique pour les femmes. 

 

Mesdames et messieurs les fabricants je ne vous dit pas merci car vous avez pourri ma vie.