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Céline : depuis la salpingectomie, je retrouve une vie normale

Le Dr B. à Strasbourg m'a fait une salpingectomie en août 2018 et tout s'est bien passé. Depuis, je retrouve une vie normale ! J'ai quand même eu besoin d'une rééducation périnéale assez longue (35 séances) parce que mes muscles avaient perdu beaucoup de leur tonus. Il faut dire que les gynécos me l'avaient refusée après ma césarienne en 2008, et la pose des Essure a ensuite aggravé cette perte de tonus...L'hiver dernier, après l'ablation, je souffrais de fuites urinaires massives à l'effort, très handicapantes dans la vie courante (impossible de me moucher debout par exemple !). 

 

C'était donc l'occasion de me refaire une santé à ce niveau-là aussi ! C'est un généraliste qui me suit à présent sur le plan gynécologique et il a été très solidaire de ma volonté de m'en sortir. La kiné qui fait la rééducation est aussi compréhensive et m'a proposé un truc génial : la rééducation qui permet de réparer tous les tissus abîmés en profondeur, grâce à un courant électrique. En quelques séances, j'ai retrouvé des cycles menstruels très réguliers, alors qu'après l'ablation c'était encore un peu anarchique. Et surtout elle m'apporte par cette "técarthérapie", associée à des exercices classiques avec une sonde, un bien-être, une confiance que j'avais oubliés ! 

 

Un des cinq gynécologues que j'ai consultés dans mon parcours lamentable m'avait assuré que les métaux des implants ne présentent aucune innocuité. Son argument était qu'ils sont présents dans les "stents" cardiaques, et que personne ne s'en est jamais senti mal. Ne serait-ce pas la tige de plastique qui pose problème ? Ou bien la forme de spirale qui irriterait vraiment trop les trompes et le haut de l'utérus ? Ou bien des réactions hormonales inconnues, liées à ce corps étranger à un endroit qui ne réagit pas du tout comme le muscle cardiaque ?

 

Au travail, ça va beaucoup mieux. Mais j'ai dû changer de poste et je peine à retrouver la confiance de mes supérieurs et de mes collègues, après les deux ans où on m'a vue très "speed", hypersensible. J'ai subi du harcèlement de la part de collègues et c'est dur de se sortir de ce genre de spirale : le regard des gens pèse lourd. J'ai parlé d'Essure et de la salpingectomie à ma nouvelle équipe, mais on m'a envoyé une lettre très froide, signée par 6 femmes, me demandant de ne plus évoquer ma vie personnelle au travail. Bizarrement, le seul homme de l'équipe m'a soutenue !

 

Rupture avec mes parents aussi, qui ne m'ont pas soutenue, là aussi, surtout ma mère. Les paroles blessantes ne sont pas digérées, deux ans après. Je ne les ai pas revus depuis 2018.  

Ce qui me réconforte, c'est que j'ai toujours gardé la confiance de mes deux filles, celle de mon ex-mari, de mes voisins et de mes amis les plus proches.

 

Du côté des élèves aussi je n'ai jamais eu de problème (je suis professeur), alors qu'on pourrait imaginer que ce serait là que j'aurais eu le plus de mal. En fait, alors même que j'avais un mal fou à accommoder ma vision pour faire l'appel, alors que j'avais du mal à reconnaître leurs visages à cause de troubles visuels de type "fatigue intense", mes classes m'ont toujours fait confiance. (Ce n'est pas seulement parce que je voyais flou. C'était ce phénomène qu'on appelle "prosopagnosie". Je ne retenais plus les noms, non plus. Vous imaginez un peu le problème pour un professeur !) Les jeunes doivent avoir une sorte de feeling pour ces choses-là. Contrairement à mon ophtalmo, pour eux c'était évident que ma vue trouble n'était pas due à une dépression ou à un autre problème psy, mais à mes mauvaises lunettes, comme ils disaient. Ce genre d'épreuve permet finalement de bien connaître son entourage et de voir qui vous aime vraiment. 

 

J'ai vu qu'il y avait des avancées du côté du milieu médical, puisqu'il me semble que l'ANSM a publié une mise en garde destinée à la fois aux médecins et aux patientes porteuses des implants, il me semble, pour la première fois.  

 

Personnellement, c'est grâce à un petit article dans les D.N.A. que je m'en suis sortie : jamais je n'aurais pu faire le lien entre mes problèmes très diffus et les Essure sans cet entrefilet de mars 2018. Je ne disais même pas toujours que j'étais porteuse d'Essure aux médecins que j'étais amenée à consulter. On ne peut donc même pas leur en vouloir ! Ceux à qui j'en parlais par hasard, en passant, ne connaissaient pas ce procédé. Je crois que j'aurais mis fin à mes jours à force de me traîner comme une très vieille femme, à 45 ans, et c'est pour cela que j'aimerais connaître le taux de suicide des porteuses d'Essure : je suis persuadée qu'il est énorme par rapport à la moyenne. 

 

D'autant plus qu'on propose aux femmes qui ont des troubles sous Essure un traitement d'antidépresseurs, qui n'est pas utile dans ce cas-là. Pire encore, les antidépresseurs favorisent parfois le passage à l'acte des gens qui pensent au suicide. J'en ai pris trois semaines en Février 2018, il a fallu arrêter tout de suite.  

 

Je planifiais en effet une excursion sur une ligne de T.G.V., enroulée dans une couverture que j'avais déjà préparée dans mon coffre. J'en avais parlé vaguement à mes parents qui s'en fichaient complètement. C'est vraiment une tragédie de A à Z. Combien de mamans sont passées par là ? Combien de familles détruites, endeuillées ?