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Clara : "Aujourd'hui je revis complètement !"

Après 2 grossesses loin d’être épanouissantes comme le clament la plupart des femmes, deux accouchements difficiles, une fausse couche, des contraceptifs hormonaux qui ne me convenaient pas, je demande à ma gynécologue une ligature des trompes mais elle refuse : « 35 ans c’est trop jeune ! Vous pourriez avoir un autre désir de grossesse en cas de changement de situation familiale. On ne sait jamais… Un autre conjoint, un décès d’enfant ». Bref un discours choquant à mes yeux, m’empêchant de disposer de mon corps comme je l’entendais.

 

Je me suis tournée vers une autre gynécologue recommandée par le Planning familial. C’est le début des galères ! Cette gynécologue a certes accepté ma demande de stérilisation définitive mais m’a orientée vers les implants Essure®, « technique rapide, moins invasive que la ligature des trompes et rétablissement plus rapide ». J’ai donc fait confiance et accepté la pose en juin 2016. Je l’ignorais à ce moment-là, mais il y avait déjà beaucoup de controverses, et beaucoup de femmes venaient se faire retirer ces implants. La gynécologue n’a donc pas respecté mon choix au départ, et a pratiqué sur moi une technique remise en question.

 

Mon état de santé s’est dégradé au fil des mois et des années. Je consultais de plus en plus souvent mon médecin traitant, alors que je ne la voyais qu’une fois par an auparavant pour me délivrer des certificats d’aptitude pour le sport. Une grosse fatigue s’est d’abord installés puis des douleurs articulaires, enflement du genou qui apparaissaient pendant plusieurs mois, s’arrêtaient quelques temps et reprenaient. Se sont manifestées ensuite les douleurs musculaires, dorsales, thoraciques, pelviennes, les douleurs cervicales accompagnées de maux de tête et de fourmillements le long des bras jusqu’aux doigts.

J’ai fini par relier mes problèmes de santé à ces implants Essure®. Mon médecin traitant était sceptique mais me suivait dans mes demandes de bilans sanguins, scanners et IRM qui ne décelaient aucune pathologie.  Aucun traitement médicamenteux ne me soulageait, pas même la kinésithérapie. Les troubles du sommeil m’ont menée vers une dépression.

Mon médecin traitant les expliquait par mes problèmes familiaux et professionnels. Je n’y croyais pas connaissant mon tempérament de combattante. La dernière année fut la pire de toutes, je ne ressentais plus que douleurs et fatigue au quotidien. Plus aucune énergie au point de renoncer au sport. Je me sentais dans le corps d’une personne âgée. Enfin des troubles d’élocution et de la vue ainsi que des pertes de mémoire à court terme sont arrivés. Toutes ces souffrances m’handicapaient mais je dirais que c’était la dimension psychologique qui était la plus difficile à supporter : faire comprendre à mes proches dépassés dans quel état je me trouvais, convaincre le corps médical qu’il y avait un réel problème.

 

Je suis retournée voir la gynécologue qui m’avait posé les implants. Elle nie le lien cause effet malgré les publications scientifiques qui incriminent la rupture de la soudure à l'étain des Essure® provoquant une diffusion des métaux lourds et causant de graves troubles au niveau du corps. J'ai dû insister pour qu'elle me les retire. Elle m'a dit connaître le protocole d'explantation, mais c'était faux ! En procédant à la salpingectomie en janvier 2020, la radio post-opératoire a montré qu’elle a cassé les implants. Mon état empirait… C’est en faisant des recherches que je suis tombée sur l’association RESIST à laquelle j’ai adhéré. La présidente ainsi que les différentes adhérentes que j’ai pu contacter m’ont été d’une aide précieuse pour discuter, être épaulée et trouver un autre gynécologue. 

 

J’ai donc consulté un gynécologue qui n’a jamais consenti à poser des implants pressentant que leur structure pouvait causer à terme des problèmes de santé. Mais il a pratiqué, sur la région lyonnaise, le plus d’explantations en une seule opération ou de rattrapage d’explantations ratées comme dans mon cas. Il participe également aux travaux de recherche pour incriminer les Essure®. Enfin un médecin compétent et à l’écoute ! L’échographie a montré une adénomyose et le scanner abdomino-pelvien qu’il m’a prescrit a révélé des fragments d’implants au niveau de l’utérus et au niveau de ma rate. Etant donné le risque non négligeable de perforation de celle-ci, j’ai eu recours à une opération à 4 mains d’urgence en avril 2020, en plein confinement : hystérectomie conservatrice par laparotomie et chirurgie viscérale par coelioscopie. L’intervention au niveau de la rate étant risquée, le chirurgien viscéral a dû laisser en place un fragment microscopique, ce qui me vaudra un suivi régulier par scanner. Mon séjour à l’hôpital a duré 5 jours mais j’y suis rapidement retournée pour traiter une infection par 2 germes au niveau de la cicatrice. Cela a été très éprouvant et douloureux. J’ai eu un lourd traitement antibiotique pendant 15 jours.

 

Aujourd’hui, il me reste encore un peu de fatigue et de douleurs liées à la cicatrisation. Mais je revis complétement ! Plus aucun autre symptôme à l’heure actuelle. Je profite de ma convalescence pour constituer mon dossier médical et porter cette scandaleuse affaire en justice moi aussi.