· 

Cécile : je n'arrivais plus à apprécier une soirée d'été

Témoignage de Cécile P. (52 ans)

(avril 2017)

 

En janvier 2017, quand j’entends le témoignage de Marielle Klein à l’émission de France 5 sur les implants Essure j’écoute d’un air distant. Pourtant 8 jours après j’entends à nouveau un reportage concernant ces implants à la radio. 

De là je vais voir sur internet le replay de l’émission de France 5 et je découvre le site RESIST et je lis : et enfin, je comprends tout, je fais le lien entre mes maux et les implants.

Je me suis posée beaucoup de questions sur mon état : cette fatigue chronique, ces tendinites à répétition, ces raideurs musculaires, ces douleurs cervicales, ces vertiges et cette sensation d’ébriété (symptômes quotidiens réguliers).

 

Pourtant à l’automne 2016, plusieurs événements m’ont interrogés : d’abord un de mes enfants qui me  demande si je ne suis pas dépressive à dormir tout le temps, je lui réponds textuellement : « non ma tête va bien mais mon corps ne va pas ! », ensuite la rencontre avec d’autres femmes  qui ont une pêche extraordinaire alors qu’elles sont plus âgées que moi et puis mes sœurs à qui j’ai demandé leurs symptômes de ménopause et qui sont minimes à côté des miens ! Étrange quand même d’autant qu’une de mes sœurs a une activité physique professionnelle plus importante que moi !  

Mon corps était celui d’une personne de 90 ans ! Je sais de quoi je parle j’ai accueilli mon beau-père âgé de 89 ans pendant 6 mois chez moi et j’étais dans le même état que lui ! Je vieillis mal, me dis-je ! 

Bref je sentais que mon état s’aggravait : j’en étais arriver à me dire que je mourrais à petit feu et que je ne vivrais pas jusqu’à 90 ans !

 

Quand je suis allée sur le site de RESIST, plus je lisais les témoignages des autres femmes et plus je comprenais tous les maux que j’ai eus mais que je mettais sur l’âge, sur le vieillissement, sur la ménopause. Je me retrouvais complètement dans toutes ces autres femmes. Je comprenais enfin ce qu’il m’arrivait : je mettais des mots sur mes maux ! 

 

Voici mon histoire :

 

En avril 2007, le 18 précisément (pourtant un chiffre qui me porte chance), je me fait posé les implants Essure avec tous les avantages que cela suppose, bref me voilà enfin tranquille, pas de pilule à prendre tous les jours, pas de stérilet qui me donne des règles hémorragiques.

Je ne me rappelle plus si le gynéco m’a demandé si j’étais allergique mais si c’est le cas qu’est-ce que j’en savais ! Je n’ai pas fait de tests pour le savoir !

 

Et là commence les effets méconnus des ces implants  :

- des règles hémorragiques qui duraient pendant 8 à 10 jours, qui m’épuisaient pour lesquelles j’angoissais quand je devais m’absenter, il fallait prévoir les protections en conséquence et la nuit n’en parlons pas se lever plusieurs fois  ; je parle au passé puisque depuis mars 2016, je n’ai plus rien donc ménopausée ;

- les tendinites et épicondylites au bras gauche qui m’empêchent de porter, qui sont douloureuses (pour preuve mon bras gauche est enflé) 

- cette fatigue chronique qui me « permettait » de dormir partout et n’importe où (comme les enfants)

- la vue qui baisse : 1ère paire je crois fin 2007 et puis changement régulièrement tous les 2 ans jusqu’en 2014 où j’ai fait une allergie à une monture de lunettes, bizarre je n’en ai jamais fait.

L’opticien me demande de faire des test d’allergie pour justifier du changement de ma monture, ce que je fais illico et je suis allergique au plastiques des lunettes (acétate) bon il ne me reste plus qu’à trouver des montures non allergisantes c’est-à-dire en titane et le choix est limité tant pis sinon je ne voie rien. Et oui ! Ma vue a tellement baissé depuis 2010 que je suis obligée de porter en permanence des lunettes (pourtant je ne suis pas sur l’ordinateur en permanence)

- les migraines à m’enfermer dans le noir alors que jamais je n’ai eu de migraines ;

- des  douleurs musculaires et articulaires associées à des raideurs : lever les bras pour me laver le cheveux est un calvaire (j’ai les cheveux très courts !)

- les problèmes d’élocution qui me gênait quand je devais prendre la parole ;

- les envies fréquentes d’uriner (pas facile à gérer quand on doit faire des longs trajets en voiture, il faut anticiper) ;

- mon hypersensibilité émotionnelle : d’ailleurs, je m’isole et essaie de comprendre par moi-même,  ce sont les hormones qui me jouent des tours, cela va passer, je mets tout à plat en ce qui concerne ma vie seule et avec des amies qui elles ont vécues des choses pires que moi, on partage, on s’écoute et je  m’aperçois que bah non rien de particulier si ce n’est éventuellement la ménopause vers la cinquantaine …

- le lichen plan associé à une crise d’hémorroïdes qui m’a, au 15 août 2016, obligée à aller aux urgences ;

- Les diarrhées alors que je j’étais plutôt du genre constipée 

- Des sueurs nocturnes qui m’empêchaient de dormir que j’ai mises sur le dos de la ménopause (à partir de 2014 jusqu’à fin 2016)

- cette sensation de gonflement de la gorge depuis l’automne 2016 avec le nez pris en continu : j’ai cru à une angine et puis non ça durait  (d’où cette sensation d’aggravation) ;

- la perte de cheveux 

- la découverte d’un adénome au sein (tiens comme c’est bizarre dans ma famille aucun cancer du sein, bon bah je serais  la première) 

 

Pendant toutes ces années je suis allée voir un chiropracteur qui m’a aidé à supporter ces douleurs et qui m’évitaient de prendre des anti-inflammatoires (les tendinites comme les raideurs musculaires) et aussi mon médecin traitant à qui j’ai expliqué mes douleurs cervicales, les lombalgies. J’ai passé des radios, fait des analyses de sang qui ne révélaient rien de particulier et il m’a prescrit des anti-inflammatoires que je ne voulais pas prendre.

 

J’avais adapté mes activités physiques en fonction de mon état de fatigue : si je devais faire un gros effort physique, je savais que je devrais me reposer les jours suivants. 

 

Je ne sortais plus, je ne pouvais pas : trop fatiguée ! Ou alors, je devais boire des litres de café pour pouvoir tenir le coup ;  ce qui ne m’empêchait pas de dormir ce qui étonnait mon entourage.

 

Je ne faisais plus de sport : trop fatiguée.

 

Je limitais la conduite en voiture : trop dangereux (j’ai eu 2 accidents de voiture sans gravité dus à cette sensation d’étourdissement pendant la conduite !) 

 

Pourtant j’ai tenu le coup : je suis exploitante agricole, nous avions eu plusieurs élevages d’animaux jusqu’en 2002 ce qui nous a demandé beaucoup d’efforts physiques et aujourd’hui bah je croyais que je le payais : c’est (je le supposais) de l’arthrose ! Pourtant les radios ne soulignaient pas une arthrose importante au point d’être invalidante mais j’écoutais mon médecin traitant.

 

Je n’énumère pas tous les autres symptômes mais je les ai tous eu : tout me revient en pleine figure et là j’ai compris en effet pourquoi mon corps n’allait pas ! Pendant 10 ans j’ai vu mon corps faiblir, j’ai modifié mes comportements puisque je pensais que c’était dû à lA vieillesse.

 

Donc suite au reportage de Marielle, je prends donc rendez-vous avec plusieurs gynécologues donc un qui me dit c’est la thyroïde (mais je n’y crois pas, je sais d’où ça vient). 

Je vais en voir un autre accompagnée de ma fille aînée qui appuie mes dires, celui-ci est déjà informé des effets de ces implants, il me propose l’hystérectomie totale avec conservation des ovaires sous coelioscopie (sachant les antécédents de cancer de l’utérus de ma mère, je ne veux pas prendre de risques supplémentaires) que j’accepte mais il me précise que cela n’est pas certain que mes symptômes vont disparaître. Ok je prends le risque mais je sais qu’au fond de moi c’est ça ! 

 

Un peu maso, je vais voir mon médecin traitant à qui j’explique les implants, les effets secondaires catastrophiques : il me traite avec mépris et affirme que c’est psychologique.

Je m’effondre en larmes devant lui : je le hais et je suis trop faible pour me battre. Ce n’est pas grave,  après ma convalescence, je retournerais le voir et je lui balancerais en pleine figure son incompétence à juger les femmes à partir d’idées préconçues.

 

Entre temps, je décide de faire les tests ASTRALAB concernant les composants des implants : Je suis allergique au nickel, au chrome et à l’étain.

Bref, après quelques questionnements auprès de Marielle sur la méthode du chirurgien que j’ai choisi, je dois me faire opérer le 23 février 2017.

 

Je suis sereine à l’entrée à la clinique. Pas besoin de cachet la veille, ni le matin. Je sais, c’est tout ! On m’endort j’entends encore la musique de Barry White.

 

Puis je me réveille : comme je respire bien : pas de nez pris, pas de sensation de gorge enflée  c’est fou, cela m’a surprise tout de suite cette respiration sans gène.

 

Mon réveil se passe bien : je retourne dans ma chambre mais là les douleurs des gaz sont difficiles mais je tiens le coup je sais que ça va passer : j’ai lu les témoignages des filles qui se sont faites opérées, c’est normal !

 

Je regarde tout de suite mon bras gauche : je le trouve désenflé. C’est trop bien mais je reste prudente ce n’est pas possible, ce n’est pas aussi rapide quand même ! 

 

Puis  retour à la maison, je suis bien je vais pouvoir dormir puisqu’il faut se reposer : ce n’est pas anodin comme opération chirurgicale mais je n’arrive pas à dormir ou plutôt je n’arrive plus à dormir (la journée), c’est fou ! La fatigue écrasante n’est plus là ! Mais je me repose.

 

Aujourd’hui, nous sommes le 1er avril 2017 et ce n’est pas un poisson d’avril : je vais mieux

Je suis à plus d’un mois après l’opération et voici ce que je constate :

 

Je ne perds plus mes cheveux (je le vois dans le lavabo de la salle de bains, plus rien)

Je n’ai plus de douleurs cervicales ni de tendinites 

Ma gorge n’est plus enflée je respire sans avoir le nez pris

Je n’ai plus la diarrhée

Ma vision semble allez mieux (je dois retourner chez l’ophtalmo)

Je n’ai plus de démangeaisons (lichen plan)

J’ai quelques bouffées de chaleur mais supportables à côté des suées et /ou sueurs nocturnes qui me réveillaient

 

Je sais qu’il y aura des hauts et des bas, que certaines douleurs se réveilleront, il y a forcément des conséquences de la présence de ces implants dans mon organisme pendant 10 ans mais je sais également que je revis , je me sens plus forte .

Je récupère mes dossiers médicaux et je m’aperçois que de nombreux maux sont apparus depuis 2007 sans faire le lien et dont je ne me souvenais plus.

 

Chaque jour il me revient à l’esprit des souvenirs de mon état pendant des situations simples dont une particulièrement : je n’arrivais plus à apprécier une soirée d’été sur un banc au soleil ! 

 

C’est pourquoi je remercie Marielle et toute son équipe qui se sont battus parce que je sais que cela a été dur pour eux de faire réagir les médias, les médecins (enfin pas tous) et qu’il reste encore beaucoup à faire.