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Valérie : je ne rencontre que mépris et suspicion

En mai 2013, j'ai bénéficié de la pose des implants ESSURE pour une contraception définitive.

J'ai eu deux enfants qui ont 25 et 21 ans et en 2008 on m'a provoqué une fausse couche, car l'embryon était mort à 4 semaines.

 

Ne souhaitant plus prendre de moyens de contraception, que j'ai toujours eu du mal à supporter (stérilets et pilules), je demande à mon médecin gynécologue de me ligaturer les trompes.

 

Ce dernier refuse. J'avais alors 38 ans et me conseille d'attendre après la quarantaine, même si je ne souhaitais plus d'enfants. Je l'écoute et me voilà repartie avec 5 années de pilule et autant de désagréments.....(prise de poids, poitrine très douloureuse, maux de ventre....)

 

En 2013, je renouvelle ma demande et cette fois-ci, ma demande est acceptée.

 

Et là, on me propose LA NOUVELLE METHODE, la pose des implants ESSURE qui m'est présentée comme une technique nouvelle, sans chirurgie, donc beaucoup moins contraignante pour les patientes, moins invasive que la ligature traditionnelle des trompes. Pas d'anesthésie, pas de cicatrices, pas de séjour à l'hopital.

Mon gynécologue m'envoie donc vers un de ses collègues obstétriciens et en mai 2013, on m'implante donc ces ressorts. Je sors l'après midi même, je vais travailler le lendemain.

 

Tout va très bien.

 

Les ennuis commencent 5 à 6 mois après.

Je ressens des ballonnements de plus en plus régulièrement, jusqu'à être pliées en deux. Mon ventre est constamment gonflé. je ne peux plus mettre de vêtements qui me serrent le ventre, sans quoi cela provoque des ballonnements instantanément.

 

Mon transit est très perturbé, passant par des périodes de constipation deplus en plus fréquentes.

Les symptômes apparaissent et disparaissent de façon tout à fait brutale. Et puis, je souffre de douleurs lombaires, de plus en plus violentes et fréquentes.

 

C'est très perturbant dans ma vie quotidienne. Je ne peux pas faire de sport quand je le souhaite, il suffit que des maux de ventre se déclarent pour m'empêcher de faire ce que je souhaite, la seule solution pour moi de moins souffrir étant de me coucher. Quand cela m'arrivait au travail, j'étais pliée en deux, ne pouvant bouger de mon bureau, n'ayant qu'une hâte rentrer à la maison.

 

Cela a commencé donc en octobre 2013. EN 2014, j'en parle à mon médecin généraliste qui me prescrit un traitement contre les ballonnements, sans succès. En 2015, je vais consulter un gastro entérologue. Je lui dis quand même que ces maux ont commencé quelques mois après la pose d'implants ESSURE, lui expliquant de quoi il s'agit. Pour lui rien à voir. N'ayant dans ma famille aucun membre ayant eu des problèmes intestinaux graves, ce médecin me dit que mes maux sont vraisemblablement liés au stress, et me conseille aussi de changer mon alimentation, supprimer tout ce qui fermente et peut donc provoquer des ballonnements. Pas de traitement particulier...

Je suis ces conseils, rien n'y fait, toujours les mêmes problèmes.

 

J'en parle à mon médecin gynécologue, appuyant sur le fait que je ne souffre de ces problèmes que depuis la pose des Essure. C'était en 2015-2016. on me répond que cela n'a rien à voir, que mes soucis sont vraisemblablement liés à une pré ménopause, que les problèmes intestinaux sont fréquents à mon âge. (45 ans). Joyeuse perspective pour les années à venir. J'étais démoralisée...

 

Mon dos me fait aussi souffrir de plus en plus, je consulte une kinésithérapeute après avoir passé une radiographie du rachis lombaire. Radio normale. elle ne peut me soulager que par massage mais me confirme qu'elle a plusieurs patientes dans mon cas et me conseille de voir ma gynécologue pour demander le retrait des Essure.

 

Fin 2016, j'entends à la télévision le témoignage d'une femme qui avait des problèmes de santé bien plus graves que les miens et qui s'est fait retirer les ressorts ESSURE. Pour la première fois, j'entends parler de l'association RESIST et donc de la plainte déposée contre le laboratoire BAYER. Je lis les témoignages et là je suis effarée de voir à quel point les médecins peuvent mépriser des patientes qui se plaignent de maux réels et que le chemin soit si difficile pour obtenir le retrait d'implants qu'aucune d'entre nous n'a demandé. Car il faut le rappeler toutes les femmes ont demandé une ligature des trompes. Nous n'avons d'autre choix que de croire les médecins quand ils nous disent nous faire bénéficier d'une méthode beaucoup plus innovante.

 

Je décide alors d'aller plus loin dans mes démarches. Je retourne voir mon médecin gynécologue en janvier 2017, qui mettant quand même en doute mes soupçons, donc mes symptômes et me disant que peu de femmes se plaignent de cette méthode, me demande de prendre l'avis d'un autre gastro-entérologue. Ensuite seulement si rien n'est décelé au niveau intestinal, mon médecin gynécologue me recommande d'aller voir le médecin obstétricien qui m'a posé les essures pour un retrait .

 

Je consulte un autre gastroentérologue qui me prescrit une coloscopie pour éliminer une maladie ou problème intestinal. Je précise que ce médecin gastroentérologue est le seul auprès de qui j'ai trouvé crédit. quand je l'ai consulté, il m'a dit avoir reçu la même semaine 2 ou 3 patientes qui se plaignaient de problèmes identiques aux miens après la pose d'essure. Je passe donc une coloscopie en mars 2017. Tout est parfait, pas de souci.

 

Je prends donc RDV début avril 2017 avec l'obstétricien, forte de mes résultats négatifs au niveau intestinal et muni du courrier de ma gynéco lui demandant d'envisager une salpingectomie si rien n'était trouvé donc au niveau intestinal. Et alors, là, je tombe de haut. Il est très ennuyé, hésitant, fuyant,  me disant que mes problèmes ne viennent pas de là, que les ressorts sont très compliqués à enlever et qu'il doit réfléchir et m'informant qu'il n'en a jamais enlevé. Je n'en crois pas mes oreilles... Je repars sans réponse de sa part et il me demande d'attendre sa réponse fin avril début mai. J'attends toujours.

 

En mai 2017, je prends RDV en clinique avec un autre médecin obstétricien. Là encore, j'explique mon "cas", il est très suspicieux, je lui parle de la plainte déposée par les femmes non satisfaites de cette méthode, il me répond que la majorité des femmes en sont contentes et qu'on entend que les mécontentes... Enfin, il m'explique que les médecins gynécologues sont très réservés sur le retrait des ressorts, car le risque est qu'ils ne puissent pas les enlever entièrement. C'est très déstabilisant pour la patiente que je suis, car j'ai l'impression qu'on ne me croit pas et je ne rencontre que mépris et suspicionS face à ces professionnels.

 

J'insiste pour qu'il me les enlève, lui précisant que je finirai bien par trouver un médecin qui accepte, ce qu'il fait en émettant toutes les réserves possibles.

 

Je suis opérée en juillet 2017. En salle de réveil, une radio de contrôle confirme que l'ablation des trompes a permis d'enlever les ressorts dans leur intégralité.

 

Je me remets très bien de l'opération. 

 

Je viens de revoir ce médecin un mois après l'intervention pour une visite de controle. Il est à nouveau très suspicieux, sourire en coin quand je lui dis que je n'ai plus de problèmes intestinaux depuis l'opération. Certes il m'a opéré et cela s'est avéré positif car je n'ai plus les implants, mais cela me laisse un goût amer car pendant 4 années, j'ai été confrontée à des médecins qui mettaient ma parole en doute, j'ai eu l'impression d'être folle, je me suis dit à plusieurs reprises que j'en faisais trop. Je ne suis pas d'un naturel à me plaindre, je suis très résistante au mal mais à un moment donné les patients connaissent leur corps et savent ce qui ne va pas. L'écoute est importante et cela n'a pas été le cas des différents médecins que j'ai pu voir. Seul la kiné qui m'a suivi quelques mois et le second gastro-entérologue qui m'a prescrit la coloscopie ont été des médecins à l'écoute de leur patient.