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Véronique : je me suis crue définitivemenet perdue

J’aimerais apporter un témoignage sur mon expérience par rapport à Essure. 

J’ai porté ces implants à partir de 2011 jusqu'en 2019.

 

Progressivement, au bout de 2/3 ans après la pose, j’ai souffert de fatigue impossible à éliminer, de douleurs handicapantes et d’un mauvais état d’esprit. 

Je m’explique : je n’avais plus la capacité de raisonner sainement, je ne voyais que le mauvais côté des choses, je déprimais, j’étais sans arrêt à fleur de peau et en plus je ne me reconnaissais plus : moi qui avais toujours été une battante, je ne pouvais plus faire face aux problèmes de la vie. 

 

Bref,  j’en étais venue à me croire irrémédiablement folle et définitivement perdue. Ceci d’autant plus que pour la plupart des médecins, tous ces symptômes étaient fictifs et n’existaient que dans mon imagination. Pourtant, je ne me sentais pas vraiment dépressive dans le sens où j’avais envie de faire des choses, mais ne pouvais pas trouver assez de ressources en moi pour les réaliser. 

 

Pour tout dire, j’ai été chef d’entreprise, alors s’écouter et se laisser aller, ce n’était pas dans mon tempérament avant Essure !

J’ai donc eu beaucoup de mal à me décider pour le retrait des implants : peur de la chirurgie consistant en une hystérectomie totale, peur surtout de ne pas aller mieux ensuite et de confirmer tous ces diagnostics de médecins qui me voyaient comme une dépressive en train de plonger. 

 

Entre-temps, j’avais perdu mon entreprise à cause des symptômes dus à Essure, notamment une perte de sensibilité fine du bout des doigts. Cela n’aurait pas été grave pour beaucoup de gens, mais cela m’a fait perdre la capacité de faire des chirurgies correctement (le toucher fin est une caractéristique d’un bon chirurgien), et quand on est vétérinaire, si on ne peut plus opérer, autant fermer boutique… 

 

J’ai finalement trouvé un bon gynécologue qui ne m’a pas traitée d’affabulatrice, qui disait simplement que même s’il ne comprenait pas comment c’était possible au niveau scientifique, il n’avait aucune raison de mettre la parole des femmes qui se plaignaient d’Essure en doute. J’ai alors compris qu’il ne pourrait pas risquer de rater une intervention juste parce qu’il ne croyait pas à son utilité. 

 

Mes implants ont été extraits en avril 2019. 

Les derniers temps, j’étais tellement coincée cou et épaules que conduire devenait difficile et presque impossible (je ne pouvais plus tourner la tête pour les manœuvres ou voir sur les côtés tout à fait bien ; je compensais encore en contorsionnant le corps, mais heureusement que je vis à la campagne et qu’il ne faut pas être trop réactif pour conduire). 

 

Croyez-moi si vous voulez mais 3 à 4 semaines après, je pouvais de nouveau tourner la tête, mon épaule n’était plus douloureuse, je ne geignais plus en dormant (ça c’est mon mari qui le constatait au quotidien) !

 

Au fil des mois, je me retrouve, au point que j’ai l’impression d’avoir eu une cure de jouvence… Je retrouve la possibilité de faire des choix, de m’y tenir, et de me battre pour obtenir ce dont j’ai besoin. Je suis beaucoup moins irritable, je me retrouve dans ma capacité de compréhension des autres, ma tolérance. Mes douleurs ont presque disparu (je parle là des douleurs musculaires diffuses, incapables à expliquer), je ne garde que les douleurs « normales » dues à l’arthrose que j’ai développée. Là encore je revis et n’ai plus l’impression pernicieuse de vieillir avant l’âge (les médecins qui m’accusaient de ne pas vouloir vieillir ne comprenaient pas : avoir mon âge je l’assume, me sentir 40 ans de plus, c’était dur à vivre). 

 

Voilà j’espère que ce témoignage pourra apporter un peu d’espoir à celles qui souffrent avec ces choses étrangères à leurs corps encore en elles.