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Laure : galères de médecins et inquiétude

Bonjour.

Je lis vos posts (groupe Facebook) depuis que je suis adhérente, je n’en ai sûrement pas fait tout le tour, mais j’ai fait un long périple sur ce groupe et dans le bibliofichier. Je vous avoue être assez perturbée depuis quelques temps.

 

Certaines d'entre vous m'ont orientée vers leur chirurgien, et je les en remercie, et puis d'autres m'ont raconté leur calvaire post-op, les incidents, les casses.

 

Six ans que je suis « équipée » de ce dispositif… Après rencontre avec deux chirurgiens, (le troisième à la fin du mois et encore un autre en février) je me sens inquiète, et encore plus seule qu'au début de l'aventure. Je m'explique : nous n'avons pas le droit de donner de noms, d'accord, mais puisque nous avons toutes un ressenti différent, il faudrait que l’on puisse rencontrer tous ceux (les chirurgiens) qui ont eu de bons résultats. Cela représenterait énormément de temps, de distance pour certaines, et d’argent, car la moindre consultation de spécialiste fait souvent l’objet d’un dépassement. Pas simple…

 

De mon côté, les deux que j'ai vus m'ont dit "pas de problème j'accepte de vous les retirer", sans me poser une seule question. Déjà, le « j’accepte » a tendance à me mettre en boule : évidemment, ils acceptent, c’est leur métier, et ça rapporte (voir plus loin !), mais on dirait que c’est plus qu’un service qu’ils nous rendent, ils se posent carrément en sauveurs ! Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai eu un bien meilleur ressenti face à mon homéopathe qui ne connaissait pas, s’est renseigné, est allé sur le site de Resist, et a réellement entendu mes maux/mots.

 

Les deux gynécologues m'ont néanmoins fait la leçon sur "on ne sait pas exactement le rapport qui existe entre Essure et vos symptômes, scientifiquement les rapports sont contradictoires, etc.", mais aucun ne m'a clairement laissé parler, ni des symptômes ni de l’impression bizarre qu’on a quand on « sait » , quand on sent qu’on a raison, même si « ce n’est pas scientifiquement démontré ». Qui connaît mieux notre corps que nous-mêmes, pas vrai ?!

 

L'un m'a même dit "j'ai 100% de réussite sur la cornuectomie". Après son long monologue, durant lequel, manifestement, il s'auto-encensait, j'ai pu caser une question : "vous en avez opéré combien ?", la réponse était 6... J'ai failli éclater de rire.

Mais en plus, ça veut dire quoi "opération réussie", ça veut dire quoi "100%" ??? ça veut dire que la patiente est en vie ? Que tout le dispositif est retiré ? qu’il n’a oublié aucun instrument à l’intérieur ? On ne parle décidément pas le même langage : j’aurais apprécié d’entendre l’importance de retirer l’implant dans son intégrité, sans casse, sans petit morceau à l’intérieur. D’ailleurs, en post-opératoire, au-delà de la radio, j’aimerais bien qu’ils les nettoient et nous les donnent, pour qu’on soit sûres ! J’aurais apprécié d’entendre qu’il avait 100% de réussite sur toutes ses interventions, parce que du coup, si c’est seulement pour cette opération-là, ça me rassure moyennement sur les autres versions…

 

Aucun n’a osé pour autant me faire le plan du « c’est dans votre tête ». Par contre, j’ai bien ressenti deux choses essentielles :

  • ils acceptent de le faire parce que c’est leur job, parce qu’ils savent qu’ils sont bons dans leur domaine, et parce que ça fait toujours "ça" qui rentre à la fin de l’opération, financièrement et statistiquement. Je ne parle même pas des dépassements d’honoraires chez certains qui en plus ont le front de vous dire "non, mais 400 €, c’est pas grand-chose pour avoir la santé"… Non, c’est pas grand-chose, en effet, si on y ajoute le prix du voyage (je suis pas dans sa ville), la nuit d’hôtel, et celle que je demanderai à passer à la clinique pour être surveillée, parce que si quelque chose se passe à 100 ou 150 km, autant que ce soit lui qui puisse intervenir vu qu’il connaît le dossier ! ;
  • deuxièmement, ils sont persuadés qu’il s’agit d’un caprice, d’une intervention de confort, qu'on est des "chochottes", qu'on s'écoute, qu'on se plaint. Ben oui, les femmes sont douillettes, c'est bien connu ! Elles mettent au monde des enfants, elles souffrent des années durant de leurs règles, douleurs aux seins, et autres, mais elles s'écoutent !

Je vais chez l'homéopathe, ce soir, qui prendra en considération l'intoxication aux métaux lourds (parce que oui, on peut ne pas être allergique et être intoxiquée quand même !), la charge émotionnelle que représente le fait de se faire enlever les trompes, l'utérus, ou « la totale » : j'ai l'impression que ça touche vraiment à notre intégrité, bien au-delà de la féminité et des complications opératoires possibles, et que nous voulions éviter en nous faisant poser ces engins de malheur.

 

Bref, vous l’aurez compris, je suis décidée, mais pas encore en confiance pour m’abandonner à un scalpel… J’ai carrément la trouille, quoi ! J'ai la trouille et je suis en colère. Entre notre sacrifice, notre mutilation, notre empoisonnement, et cette longue absence d'écoute et de compréhension, c'est une galère absolue, dont nous sommes encore victimes. La santé des femmes n'est certainement pas une priorité, et il faudrait qu'on "leur" fasse confiance ?! Et je ne sais pas trop quand ça passera…

 

Merci de m’avoir lue, et merci à Marielle et toutes les autres qui s’investissent pour notre soutien.