En 2014, j'avais 40 ans, et j'étais maman de quatre enfants. Je décide alors d'opter pour une contraception définitive. Mon gynécologue m'informe qu'il existe une nouvelle méthode : les implants Essure. Selon lui, c'est une technique simple, rapide, indolore, réalisée sous anesthésie générale, en ambulatoire, avec un retour à domicile le jour même. Séduite par cette promesse, je donne mon accord.
Le jour de l'intervention (26 août 2014), j'étais indisposée. Inquiète, j'appelle le service pour savoir si cela pose problème. On me rassure : l'intervention est maintenue. Elle se déroule comme prévu et je rentre chez moi le jour même.
Mais très vite, des symptômes inquiétants apparaissent : saignements continus, douleurs abdominales, musculaires, osseuses, cervicales, ainsi qu'un grand nombre d'allergies nouvelles (aliments, médicaments, piqûres, etc.). Mon médecin généraliste, qui ne fait pas le lien avec les implants, se contente de me prescrire des antalgiques.
Mes plaintes se multiplient Mon médecin finit par me prescrire une radio, qui révèle que les implants ne sont pas situés dans les trompes. Je retourne alors voir mon gynécologue et lui explique mes symptômes. Il me demande si je suis allergique au nickel. Je lui confirme que oui, que je ne peux même pas porter de bijoux sans faire de l'eczéma. Il décide alors de retirer les implants. Il m'explique que cela nécessitera une salpingectomie, c'est-à-dire l'ablation des trompes, sous anesthésie générale.
L'intervention a lieu le 31 Mai 2016. Au retour en chambre, je fais un œdème du visage. L'infirmier me donne un antihistaminique, le gynécologue vient me voir en chambre ensuite et m'annonce que finalement, l'opération n'aurait pas dû être menée ainsi : il avait réussi à retirer les implants par voie naturelle. Mais en tirant sur l'un d'eux, il s'est fragmenté dans mon corps. Il minimise l'incident en me disant que ce n'est "pas gênant" et qu'on fera le point au rendez-vous post-opératoire... que je n'ai jamais reçu. Le lendemain, inquiète, je vais voir mon médecin traitant. Il me répond avec assurance : "Ce n'est pas grave. Tout corps étranger est expulsé naturellement par le corps."
Rassurée sur le moment, je reprends mon quotidien. Mais mes symptômes empirent. On me donne des explications pour tout :
- Je travaille en EHPAD ? C'est normal d'avoir mal au dos, aux articulations, aux muscles.
- Les allergies ? On me dit que c'est psychosomatique.
- Mes douleurs abdominales ? Des troubles digestifs ordinaires.
- Mon cancer du sein ? Aucun lien.
- Ma dépression sévère ? Encore une fatalité.
Et toujours cette phrase qui revient : "Vous êtes insoignable."
Un jour, par hasard, je tombe sur un témoignage d'une femme victime des implants Essure. C'est le choc : je me reconnais dans chaque mot. Je découvre alors les pages Facebook, les forums, les associations. Des centaines de femmes vivent ce que je vis.
Je décide d'agir. Je demande mon dossier médical au centre hospitalier où j'ai été opérée. On me le remet, mais sans le compte rendu opératoire de l'intervention de 2016. Je me rends sur place : la secrétaire me dit que le Dr Y ne faisait pas systématiquement de compte rendu. Je lui demande de m'imprimer mon dossier.
J'envoie une lettre recommandée au gynécologue sa secrétaire m'appelle pour me dire qu'elle n'a pas mon dossier médical et que c'est l'hôpital qui a perdu le dompte rendu opératoire, je lui demande de m'imprimer tout de même mon dossier médical et effectivement celui ci est pratiquement vide alors que j'étais suivie en consultation privée au cabinet.
Je me tourne vers mon médecin traitant: il me dit qu'il n'a jamais été informé de cette intervention. Aucun courrier, aucun compte rendu. Je saisis alors la CADA. Quelques mois plus tard, je reçois leur réponse : le centre hospitalier ne détient pas ce compte rendu. Donc classé "sans objet".
Je suis donc aujourd'hui dans une impasse : aucun suivi post-opératoire, aucune trace écrite de l'extraction partielle des implants, fragments laissés dans mon corps malgré mon allergie connue au nickel... et un état de santé qui continue de se dégrader. Je témoigne pour être entendue, aidée, et pour prévenir d'autres femmes. Ce dispositif a bouleversé ma vie, physiquement, moralement, socialement Et aujourd'hui, l'injustice continue : ni reconnaissance, ni réponses claires, ni solution médicale.
Merci de m'avoir lue. Cordialement.