Tout a démarré début 2014. Je ne tolérais plus aucun contraceptif et ne souhaitais plus avoir d'enfant. 38 ans à ce moment-là et trop jeune selon mon gynéco pour une ligature des trompes, j'ai néanmoins réussi à le convaincre, il devait m'opérer juste avant de prendre sa retraite. Il m'a parlé d'un nouveau dispositif qui selon lui était mieux qu'une ligature classique, après avoir entendu ses arguments j'ai été d'accord pour qu'il me pose les implants Essure. Je ne me suis pas plus renseignée que ça sur ces implants car je faisais totalement confiance à mon médecin qui me suivait depuis près de 20 ans, cela a été ma première erreur...
Au départ tout allait bien, la pose s'est très bien passée, le suivi aussi, aucun problème. Puis environ 6 mois après j'ai commencé à avoir des règles de plus en plus douloureuses et à la limite de l'hémorragie, les cycles se sont bientôt dégradés aussi au niveau de la durée. Cela me surprenait car auparavant j'avais des règles "normales" sans douleurs, qui ne duraient que quelques jours mais j'ai mis ça sur le fait d'avoir fait nécroser mes trompes. J'ai fini par m'y faire en pensant que c'était "normal" mais je redoutais cette période tous les mois. Ensuite ont suivi progressivement d'autres choses bizarres inexpliquées médicalement comme des douleurs pendant les rapports, des douleurs dans les seins, des douleurs musculaires et articulaires (légères au départ) il n'y avait pas de raisons a priori. Pour les TMS (Troubles musculo-squelettiques) je pensais que c'était lié à mon travail puisque je suis devant un ordinateur toute la journée. J'allais régulièrement chez mon ostéopathe qui arrivait à me soulager mais de moins en moins longtemps.
Mon mari m'a demandé un jour si je ne pensais pas que ces problèmes étaient liés aux implants mais je ne voyais pas pourquoi ce serait le cas. J'en avais discuté avec mon gynéco et pour lui il ne pouvait y avoir aucun lien, puis il a pris sa retraite. Fin 2017 j'ai dû aller voir une sage-femme pour un souci de périnée, et c'est elle qui m'a mis la puce à l'oreille concernant les Essure, elle en avait entendu parler. Et là je suis tombée de haut, je découvrais l'existence de l'association RESIST et surtout le carnage (il n'y a pas d'autre mot pour moi) que ces implants ont causé.
J'ai donc essayé de trouver un gynéco qui pourrait m'aider, mais en trouver un bon n'est pas si simple !! J'en ai vu plusieurs qui m'ont raconté n'importe quoi, on a même voulu me brûler l'endomètre alors que c'est contre-indiqué quand on porte des Essure, heureusement que j'ai dit non. On m'a parlé de préménopause et j'en passe, on m'a prescrit des traitements hormonaux qui n'ont servi à rien du tout. J'ai donc décidé d'arrêter de chercher car j'en avais assez et je ne trouvais aucun médecin efficace. La vie a suivi son cours et insidieusement au fil des années j'ai eu de plus en plus de symptômes, et je ne savais plus quoi penser, était-ce vraiment lié à ces implants ou non ?
En 2019 j'ai quand même voulu avoir l'avis d'un médecin spécialisé dans les Essure mais je n'étais pas prête psychologiquement à ce qu'il me proposait, l'hystérectomie + salpingectomie, et j'avais tellement l'habitude de tous mes maux au final que je suis restée comme ça en voyant mon état continuer à se dégrader et en me demandant s'il était vraiment possible que ces ressorts soient responsables de mon état.
Tout cela impactait ma vie de couple aussi, car je me sentais comme une femme de 80 ans, j'avais des sautes d'humeur incroyables par moments, sans aucune raison je passais du rire aux larmes et vice-versa, ma libido devenait de plus en plus capricieuse aussi, bref on se retrouve seule et incomprise, même si l'entourage proche fait tout ce qu'il peut pour nous, psychologiquement c'est très dur de supporter tout ça.
Début 2020 je trouve enfin un gynéco à l'écoute et qui me paraît savoir de quoi il parle, je reste donc chez lui. Il m'avait parlé aussi de l'hystérectomie pour me soulager et avait entendu d'autres femmes implantées avec des symptômes similaires aux miens, mais lui aussi me disait que médicalement on ne pouvait pas faire le rapprochement.
Mon bilan fin 2020 était le suivant (je ne peux pas détailler tous mes effets secondaires car il y en avait trop, je vais juste citer les plus handicapants pour moi à ce moment-là : pesanteur pelvienne constante, règles de plus en plus douloureuses et hémorragiques, douleurs pendant les rapports (hors rapports aussi d'ailleurs) de plus en plus fréquentes, très fortes douleurs musculaires et articulaires, perte de la mémoire et de la concentration, et surtout une fatigue chronique que je traînais en fait depuis plusieurs années et que même des nuits de 9h ne réglaient pas, une vraie larve au quotidien. Le déclic a été en novembre 2020, je pensais avoir une infection urinaire car je ressentais des brûlures vaginales internes mais une fois de plus aucune raison médicale à ça. J'ai passé 2 mois à tester des traitements qui ne servaient à rien et en plus je commençais à avoir des palpitations cardiaques de plus en plus fréquentes ainsi qu'un essoufflement persistant même sans aucun effort, là je commençais vraiment à m'inquiéter... En février 2021 mon gynéco me dit que j'ai une adénomyose, et après en avoir longuement discuté ensemble nous programmons l'intervention, il m'a juste laissé les ovaires pour que je ne sois pas ménopausée.
Mon opération a eu lieu le 30/04/21 par coelioscopie et je regrette de ne pas avoir franchi le cap plus tôt, car j'ai ressenti du changement dès la salle de réveil, et je n'exagère pas. La pesanteur pelvienne constante a disparu d'un coup, ainsi que les douleurs au dos et aux lombaires et cervicales que j'avais en permanence depuis des mois et des mois. La fatigue aussi a disparu instantanément et je ne me suis plus sentie autant en forme depuis belle lurette, je ne sais même plus quand était la dernière fois à vrai dire ! Quant à mon essoufflement et mes palpitations c'est fini aussi, je ne sais pas comment l'expliquer mais je sens que mon cœur va bien. Je suis rentrée le soir même et aucune complication pendant l'opération. Depuis je me sens de mieux en mieux chaque jour, j'ai l'impression de revivre et ça fait un bien fou ! Les douleurs post-opératoires sont minimes par rapport à ce à quoi je m'attendais, tout à fait gérables.
A toutes celles qui ne savent pas trop quoi en penser et qui ont peur de franchir ce cap, je ne dirais qu'une chose, arrêtez d'avoir peur et faites-vous explanter, vous ne pourrez que vous sentir mieux après. Avec le recul, je me demande comment j'ai fait pour supporter tout ça pendant si longtemps (7 ans), maintenant je reste confiante et j'espère que c'est vraiment fini mais je sens que je vais beaucoup mieux, je vous dirai ça d'ici quelques mois
Courage à toutes, ensemble nous sommes plus fortes face à ce marasme médical...