· 

Virginie (aux médecins) : "Essure, écoutez les patientes !"

Le 15 janvier 2021, ça fait un an...

 

Une ablation de l'utérus et des trompes m'a enfin débarrassée de ces maudits implants Essure qui m'ont volé 3 ans de ma vie !

A 39 ans, j'étais à la recherche d'une contraception sans hormones. J'avais opté pour une ligature des trompes... Quelques jours avant mon rendez-vous avec ma gynéco, j'ai entendu parlé des implants Essure. J'ai donc posé des questions à ce sujet, cette contraception m'a semblé idéale, plus d'hormones, pas de chirurgie...

Restait à régler le problème de l'allergie au nickel : ma gynéco me conseille de faire le test « du bouton de jean » : porter un jean à même la peau et contrôler qu'aucune rougeur n’apparaît à l'endroit où la peau est en contact avec le bouton... Verdict pour moi, aucune rougeur, j'opte donc pour cette solution.

 

Le rendez-vous est pris, ma gynéco me posera les Essure sous anesthésie générale en ambulatoire en novembre 2014.

Je suis juste ravie de ma nouvelle contraception, j'en parle à toutes mes amies et présente cela comme LA contraception idéale.

 

En janvier 2015, j'ai une tension élevée, je fais un bilan cardio mais rien...

En janvier 2016, j'ai d'importantes douleurs dans la nuque et l'épaule. Je passe une radio et un arthroscanner, mais rien…

En juin 2017, je ressens de multiples douleurs au niveau du ventre (constipation, cystites…), je passe une échographie, une endoscopie et une coloscopie, mais rien de spécial, le gastroentérologue commence à me parler de syndrome du côlon irritable...

 

Les douleurs et l'inconfort digestif s'installent de manière chronique : digestion lente et douloureuseventre très gonflé, impression d'avoir une pierre dans le bas ventre, constipation, crises hémorroïdaires et même thrombose.

Je ne peux plus boire d'alcool, au-delà de 2 verres je vomis pendant des heures, j'ai des vertiges, des migraines atroces, je ne tiens pas sur mes jambes... 

Quelquefois les douleurs digestives sont si fortes que je suis obligée de rester couchée, les douleurs envahissent la cage thoracique et irradient dans le bras gauche...

 

En 2018, je cherche une alimentation qui irrite le moins possible mon colon, je perds 6 kg en 2 ans...

Les « crises » s'accélèrent, elles surviennent toujours de manière aléatoires mais sont de plus en plus rapprochées. Les infections urinaires et autres réjouissances gynécologiques ne me quittent plus, je suis épuisée le matin dès le réveil. J'ai toujours froid (pieds et mains gelés), je suis prise de crise de tremblements.

 

Des saignements entre mes règles apparaissent de façon totalement anarchique, des saignements surviennent pendant les rapports... « Rien de grave madame, sûrement la pré ménopause... »

Des douleurs articulaires s'installent également (hanches, genoux, doigts), des douleurs lombaires me réveillent le nuit. Je dors de plus en plus mais ne récupère plus. 

Quand je vais consulter pour mes cystites je fais part de tous mes autres symptômes et surtout de cette abominable fatigue mais je ne suis pas entendue, je repars avec un énième antibiotique mais le médecin ne se penche jamais sur mon état général.

 

Tous ces symptômes sont de plus en plus handicapants au quotidien. Je suis enseignante, ma fatigue hors norme et nuit à mon travail, j'appréhende la moindre journée de travail et ne parlons pas des sorties scolaires !

 

Ma vie privée s'en ressent également, l'idée de réserver la moindre sortie au resto, un week-end, des vacances, m'angoisse car j'ai toujours peur qu'une crise survienne. Mon état général est difficile à comprendre pour mon entourage, je perds totalement ma joie de vivre, je m’éteins un peu plus chaque jour...

 

Je commence à avoir peur, j'ai peut-être quelque chose de grave... Je décide de changer de médecin traitant pour tout reprendre à zéro. Je vois entre temps une sage-femme qui m'écoute, je suis désespérée, j'ai pris rendez-vous avec une gynéco mais il me faut attendre 6 mois, je ne tiendrai pas, je n'en peux plus... Je lui dis cette phrase : « j'ai l'impression d’être empoisonnée... ». Consulter une personne à l'écoute m'a fait du bien et me redonne un peu de force...

 

Je cherche sur internet, je tape tous mes symptômes dans Google (et il y en a beaucoup !!!) et je tombe sur le site de l'association RESIST, tout s'éclaire : mes maux viennent des implants Essure.

J'en parle à mon nouveau médecin traitant qui ne connaît pas ce type d'implants mais qui prend le temps de s'y intéresser.

 

Je suis enfin en arrêt de travail !

Au bout du rouleau et dans un état d'angoisse permanent, je passe 4 jours en médecine interne pour faire un bilan complet, mais comme d'habitude, rien !

 

J'ai envie de hurler, je ne supporte plus d'entendre des médecins me dire que je n'ai rien, pire que je suis peut-être déprimée et que je devrais consulter un psychologue....

Je décide de me faire explanter, je suis désormais convaincue que mes maux viennent de là...

 

J'arrive avec mon très très épais dossier médical qui dit qu'après tous les examens médicaux subis je n'ai rien...

 

Ma gynéco m'entend, elle est d'accord avec ma décision, me comprend mais me dit que l'intervention ne servira peut-être à rien...

Rendez-vous avec la chirurgienne qui doit m'opérer, je viens pour discuter d'une salpingectomie et elle me parle hystérectomie... Je suis un peu sonnée, je demande à réfléchir...

 

L'association RESIST me met en contact avec des femmes ayant subi l'opération. Je ne suis plus seule !!!

Je me reconnais mot pour mot dans les parcours du combattant de ces femmes...

Plus d'hésitation, j'accepte l’hystérectomie et la salpingectomie bilatérale.

 

J'insiste pour avoir une radio ASP avant l'intervention jusqu'à mon arrivée au bloc... J'attends de voir le visage de la chirurgienne qui doit m'opérer, mais je n'aurais pas cette chance car l'anesthésiste trop pressé m'endormira sans me prévenir avant...

 

1ère nuit sans trop de douleurs je m'attendais à pire... Le matin la douleur se réveille...On me met debout, une aide-soignante me demande si j'ai besoin d'aide pour prendre une douche, je dis oui mais sa collègue moins délicate répond qu'il s'agit « juste d 'une hystérectomie » et que je pourrais sonner en cas de problème...

 

Je suis sensée faire 1h30 de route de montagne pour repartir chez moi mais on me fait comprendre que je peux rentrer sans problème... Heureusement pour moi mes parents habitent à 10 minutes de l’hôpital, je vais pouvoir rester chez eux quelques jours... Jamais je n'aurais supporté 1h30 de route, c'est juste du délire !!!

Malgré les douleurs post-opératoires, je sais que je vais déjà mieux !

J'ai l'impression d'avoir les yeux grands ouverts sans fatigue, je n'ai plus mal sous le pied...

 

Un an après l’explantation, je peux parler du jour de cette intervention comme d'une renaissance ! Je n'étais donc pas folle !

Et oui, j'étais bien empoisonnée par les implants Essure du laboratoire BAYER !!! Elle a bon dos, la dépression, elle a bon dos la pré ménopause, il a bon dos le syndrome du côlon irritable !!!

Les symptômes ressentis par les porteuses d'Essure sont tellement multiples et variés, comment faire pour établir un diagnostic ?

 

Écoutez les patientes !!!

Avant d'aller mal, une patiente va bien, elle sent, elle sait si son état s'altère. Nous ne sommes pas folles, nous sommes VICTIMES ! Ces implants nous bousillent le corps et la vie !!!!

  

Aujourd'hui, même si ma vie est redevenue normale, j'ai encore des journées difficiles, avec des symptômes qui reviennent, de la fatigue mais les crises s'espacent.

 

Je ne remercierai jamais assez l'association RESIST et toutes ses magnifiques bénévoles !

 

Je ne remercierai jamais assez tous mes proches de m'avoir supportée alors que j'ai vécu comme un fantôme pendant trois ans ! 

Mon souhait pour 2021 ? Que toutes les femmes porteuses soient contactées et alertées, qu'on informe les médecins traitants de ce scandale afin qu'ils puissent venir en aide à leurs patientes et les ÉCOUTER...

 

Si vous avez pris le temps de me lire jusqu'au bout, merci de partager...