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Milie : une méthode qui empoisonne les femmes à petit feu

Je m’appelle Milie, j’ai 39 ans, mariée deux magnifiques enfants, mais un jour, comme beaucoup de femmes, j’en ai eu assez des contraintes, je ne prenais plus la pilule depuis 5 ans, j’ai voulu stopper ma fertilité, j’ai donc envisagé de me faire ligaturer les trompes de Fallope.

Ma gynécologue de l’époque, qui avait suivi ma seconde grossesse et en qui j’avais entièrement confiance, jusque-là, me proposa une autre méthode "aussi efficace et plus rapide, cela consiste à insérer deux petits implants de 4 centimètres, essentiellement composés de nickel-titane et de fibres PET, dans les trompes de Fallope, sans incision, ni anesthésie. Ces ressorts créent une réaction inflammatoire locale qui génère une fibrose. Au bout de trois mois les trompes sont bouchées, il n’y a plus de risque de grossesse", et c’est pris en charge à 100% par la sécurité sociale.


« Formidable » me suis-je dit. On peut reprendre une vie normale après, cette intervention ne vous freine pas dans votre organisation familiale et professionnelle. Le rendez-vous est pris, je me suis fait implanter en mars 2015. L’intervention est faite sous hypnose sans complication. Trois mois plus tard les trompes sont bouchées et je peux arrêter toute contraception.

Au bout d’un an, les troubles sont apparus. Cela a commencé par des problèmes ORL : perte d’audition avec une grosse inflammation sur toute la sphère ORL. Puis maux de tête, acouphènes, très grande fatigue, et des douleurs articulaires en continu, prise de poids…Contrairement à d’autres femmes, j’ai eu la chance de découvrir au même moment la pétition de Marielle Klein sur change.org. Cela m’a permis de faire le lien entre mes troubles et Essure. A travers la page Facebook d’Essure France ALERTE, j’ai rencontré et dialogué avec des femmes qui avaient les mêmes symptômes que moi. Le groupe comptant de plus en plus de membres, Marielle K a donc fondé l’association R.E.S.I.S.T. (Réseau d’entraide, soutien et informations sur la stérilisation tubaire) afin que nous, victimes, puissions être prises au sérieux par le corps médical, qui jusque-là, ne voulait pas entendre notre détresse et nos douleurs.

Nombreuses sont celles à avoir mis des mois, voire des années, à s’interroger sur le lien entre la pose d’Essure et la dégradation de leur santé, faute d’avoir été informées par les spécialistes de santé sur de possibles effets secondaires. Encore aujourd’hui des femmes se voient proposer en première intention cette technique sans qu’elles soient réellement informées sur les possibles risques.
Face à toutes ces découvertes, j’ai d’abord été anéantie, puis s’en est suivi un sentiment de colère contre cette gynécologue qui m’avait vanté un dispositif et une méthode qui, en réalité empoisonne les femmes à petit feu. Puis j’ai pris le dessus avec l’aide et le soutien de toutes ces autres victimes.

Avec l’aide de ma généraliste, j’ai fait différents tests : un test d’allergie cutané au nickel tout d’abord, qui s’est avéré négatif, mais le test d’activation lymphocytaire, qui est une recherche d’allergie aux métaux au niveau des cellules s’est avéré très positif. Mes cellules sont allergiques au nickel et au dioxyde de titane, les principaux éléments qui composent les ressorts Essure. Il faut donc pour, aller mieux, les retirer au plus vite de mon corps.

Mais le parcours est long car s’il existe un protocole pour poser Essure, il n’existe aucun protocole de retrait. Et certaines en ont fait la malheureuse expérience. Certains médecins ont réalisés des actes chirurgicaux afin de soulager leurs patientes, cependant la méconnaissance des risques au niveau du retrait a directement impacté la santé des patientes et certaines d’entre elles ont eu à réaliser une nouvelle chirurgie ou de nouveaux examens afin de réparer les erreurs réalisées (ressorts étirés, cassés, ayant perforés les trompes, l’utérus ou les intestins, migrations de fragments dans le corps…)

Ces dispositifs doivent être retirés avec précaution, sans les tirer, ni les couper, ni les casser, car c’est le risque de se retrouver avec des fragments dans l’organisme. Les femmes qui veulent retirer leurs Essure doivent subir une salpingectomie (ablation des trompes), voire une hystérectomie (ablation de l’utérus). Une épreuve difficile que je vais donc subir prochainement, une épreuve que je n’avais pas forcément envisagée à l’aube de mes 40 ans.