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Séverine : Essure®, confiante, je ne fais aucune recherche sur le net

 

J'ai porté le implants du 26 janvier 2016 au 11 avril 2017.

 

Je m'appelle Séverine, j'ai 42 ans. Je suis mariée et maman de deux demoiselles nées par césarienne en décembre 2002 et juillet 2005.

 

Comblée par mes deux filles, à 40 ans et après un parcours gynécologique quelque peu chaotique (intolérance aux pilules contraceptives, stérilet hormonal "rejeté" par mon corps car j'ai un utérus trop collé à la paroi abdominale suite aux deux césariennes vécues), nous ne souhaitions plus avec mon mari avoir d'autres enfants. Nous échangeons avec notre médecin de famille concernant la stérilisation définitive. Ce praticien connait mon parcours et les difficultés  rencontrées pour trouver une contraception adaptée.  Mon médecin évoque la ligature des trompes "traditionnelle"  et me dirige vers un confrère gynécologue qui exerce au sein de l'hôpital privé proche de mon domicile.

 

Septembre 2016 : première consultation avec le gynécologue. Notre décision de ne plus avoir d'enfants est murement réfléchie. Je demande donc au professionnel les modalités relatives à la  ligature de trompes. Ce dernier me présente deux techniques : la ligature des trompes par cœlioscopie qui peut nécessiter une courte hospitalisation avec une chirurgie dite non invasive et la ligature des trompes sans chirurgie : la méthode des implants ESSURE dont la pose présente l'intérêt de s'effectuer par les voies naturelles en ambulatoire.

Le gynécologue me laisse la plaquette d'information des implants ESSURE et me propose une consultation un mois plus tard le temps que nous réfléchissions à la méthode choisie.

 

Octobre 2016 : deuxième consultation avec le gynécologue. Nous lui faisons part de notre décision. La méthode ESSURE m’apparaît plus rapide et moins lourde en terme d'intervention. La plaquette évoque quelques effets secondaires rares  mais je n'y prête pas d'attention particulière. Confiante face à ce dispositif médical, je n'engage aucune recherche sur le net et je confirme au gynécologue le choix de faire pratiquer la stérilisation avec les implants ESSURE. De surcroit, le médecin me dit que mes césariennes ont crée des adhérences dans l'abdomen et que la cœlioscopie ne serait pas forcément évidente à pratiquer.

Je signe donc le consentement pour l'intervention en respectant le délai de réflexion . Rendez vous pris pour  janvier 2016. Je serais enfin "tranquille" sans contraceptif chimique, mécanique ou hormonal.

 

La pose des implants s'est effectuée le 26 janvier 2016  sans difficultés particulières. Le gynécologue l'a pratiquée sous courte anesthésie générale. Le soir, je suis chez moi, sans douleurs si saignements.

Les premiers mois, les cycles reviennent spontanément. Ils sont certes intenses mais le gynécologue me précise que cela se régulera avec le temps. Des douleurs pelviennes apparaissent. La radio de contrôle après les trois mois de pose confirme que les implants sont bien en place. L'échographie complète cet examen et souligne que les ovaires présentent de nombreux kystes fonctionnels. Le gynécologue précise que cela peut expliquer les douleurs pelviennes et me délivre un traitement hormonal pour réguler l'apparition des kystes.

 

Jusqu'en novembre 2016 : quelques signes apparaissent au fil du temps :

  • maux de tête (allez avec du paracétamol ca va passer !)
  • grande fatigue (je mets cela sur le compte du rythme du travail et de la formation professionnelle que j'ai engagé)
  • crise d'eczéma, (j’en ai toujours un peu fait, mais là mes jambes en sont couvertes)
  • épisodes d'insomnies (on va dire que je réfléchis trop la nuit :))
  • règles douloureuses et hémorragiques qui m'épuisent
  • perte de l'acuité visuelle (vision de près, je me dis que je vieillis ! )

 

Décembre  2016 : consultation chez le gynécologue :

Je lui parle de mes symptômes. Il m'explique le le corps doit se réadapter aux cycles qui arrivent spontanément d'autant plus qu'auparavant je portais le stérilet hormonal avec le quel je n'avais pas de cycles apparents.

Le traitement hormonal s'avère efficace car l'échographie montre que les kystes ovariens se sont résorbés.

Je repars confiante.

 

De janvier 2017 à  mi- mars 2017,  je vis une véritable descente aux enfers ! Les symptômes s'accentuent et des troubles nouveaux apparaissent :

  • Fatigue persistante et constante
  • Moral en berne
  • douleurs articulaires hanche et genou gauche ( la hanche se "bloque" quand je marche et le genou "vrille" quand je plie la jambe" ! )
  • baisse de la libido, car rapports douloureux, plus aucune intimité, mon corps est comme "éteint"

Tout s'accélère au fil des semaines, le 26 mars 2017, je consulte mon médecin traitant car je présente les symptômes et troubles suivants :

  • fatigue intense, état fébrile et courbatures constantes
  • maux de tête très intenses  (au point d'avaler 4 grammes de paracétamol par jour !!)
  • contractions que je caractérise de "travail", j'ai l'impression que je vais accoucher tant la douleur est immense !
  • je ne peux plus marcher car les contactions irradient le bas du dos et m'empêchent de tenir debout
  • insomnies du fait des douleurs
  • augmentation de la pression artérielle (moi qui n'y suis pas sujette)

Je suis invalidée et clairement handicapée au quotidien !

 

Mon médecin traitant est catégorique : " vous faites une grave inflammation, votre corps rejette massivement les implants, il faut qu'on vous les retire au plus vite ! "

 

Pas de chance, mon gynéco est en congé jusqu'au 6 avril. Le médecin ne veut pas que je sois vue en urgence pour extraire les implants. Il me donne donc un traitement anti inflammatoire et un antalgique fort (tram#dol) pour me permettre d'attendre cette consultation. Il m'arrête car évidemment je suis en incapacité d'aller travailler. Mon médecin m'informe qu'il commence à y avoir des retours négatifs des implants...

Durant ces 15 jours, je dois rester alitée. Les médicaments me soulagent mais dès que l'effet s'estompe les douleurs reviennent avec une vive intensité ! Je me connecte sur le net et là je commence à découvrir les "dégâts d'ESSURE". Je tombe sur le site de l'association RESIST France et la lecture des témoignages me fait froid dans le dos et je réalise ce que je suis en train de vivre ! Je veux que l'on me retire ces implants qui polluent mon corps!

 

Le 6 avril 2017 : consultation chez le gynécologue : j'explique les symptômes et l'état dans lequel je suis. Je fais tout le lien avec mes symptômes antérieurs. L'analyse de sang prescrite par mon médecin traitant démontre que je n'ai aucune trace d'infection mais une réaction inflammatoire évidente.

Le gynécologue déclare : "en effet, vous devez faire une réaction aux implants...il peut y ivour certains effets secondaires, la plaquette d'informations vous le précisait ! " Je lui explique que ma vie n'est que source de souffrances et d'isolement car je ne peux plus partager le quotidien avec mon mari et mes filles.

Il m'explique que son emploi du temps opératoire est très chargé et me propose une intervention le 9 mai 2017 !!! Soit dans un mois !

 

Mon mari et moi nous montrons suffisamment réactifs et clairs dans notre discours pour que le gynécologue réalise ce que je suis en train de vivre.

 

Ce dernier s'engage alors à me proposer une date d'intervention dans de courts délais. Il me prévient que l'opération risque d'être lourde car suite aux adhérences que je présente, il ne pourra pas intervenir par cœlioscopie et de surcroit, il doit pouvoir accéder aux trompes pour extraire l'implant sans le casser. Il ne cache pas qu'il devra peut être faire l'ablation de l'utérus en fonction de l'implantation du dispositif ESSURE. Quoiqu'il en soit, il devra rouvrir la cicatrice de césarienne.  Je lui donne mon consentement tant que je suis soulagée !

 

11 avril 2017 : l'intervention a duré deux heures sous anesthésie générale. Le gynécologue a pratiqué (non sans mal, il a écrit "OUF ! " sur le compte rendu opératoire une fois qu'il a réussi à extraire les implants) . J'ai subi sous laparotomie (ouverture de cicatrice de 25 cm !!) une salpingectomie bilatérale (ablation des trompes) et retrait total des implants (j'ai des photos...beurk). Fort heureusement, l'utérus a été préservé.

Depuis, je suis  en convalescence pour 6- 8 semaines car la cicatrisation est longue et lente. Je suis soulagée physiquement !   Par contre moralement il faut que je me "reconstruise". Je réalise ce que je viens de traverser et je vis un sentiment de culpabilité (pourquoi ai-je fais confiance à ce dispositif ??)

J'ai porté les implants ESSURE 16 mois ....mon corps a été abimé, mon médecin généraliste parle même "d'empoisonnement aux métaux" ( ce sont ces mots ! )

 

J'ai adhéré à l'association RESIST et je réalise que je ne suis pas la seule femme victime d'ESSURE.  A 3 semaines de l'intervention les symptômes suivants ont disparus :

  • je n'ai plus de maux de tête
  • je n'ai plus de douleurs articulaires
  • je n'ai aucune douleur pelvienne
  • retour d'un cycle abondant mais pas hémorragiques ni douloureux
  • j'ai arrêté tout traitement antalgique ou anti spasmodique

Ce témoignage est long et détaillé mais il me parait capital de faire part de mon expérience et de laisser trace de mon parcours. Je veux simplement retrouver une vie ordinaire, dynamique et heureuse comme j'étais avant ESSURE. Fort heureusement, je suis entourée et très soutenue...

 

Merci à l'association ESSURE de nous permettre de témoigner et d'échanger.